OASIS ÉGYPTIENNES, archéologie
Oasis de Dakhla
L'oasis de Dakhla est située à peu près à la hauteur de Louxor dans la vallée et de la ville de Kharga, mais plus à l'ouest ; on y accède par Kharga. C'est la plus peuplée des oasis égyptiennes ; elle s'étend sur plus de 50 kilomètres d'est en ouest et de 10 à 20 kilomètres du nord au sud. La vie s'y concentre autour des trois localités de Balat, Mout et El-Kasr, comme déjà, d'ailleurs, dans l'Antiquité. En raison de sa très faible altitude, l'horizon est toujours barré par les falaises désertiques qui entourent la dépression. La manière dont les Égyptiens désignaient dans l'Antiquité l'oasis demeure ambiguë. Sans doute faisait-elle partie du complexe qui englobait également Kharga sous les termes de ouhat resyt, l'oasis méridionale, ou encore Kenmet.
Longtemps les restes antiques qu'elle offrait demeurèrent modestes, à l'exception du temple de Deir el-Hagar. Il fallut la découverte capitale d'Ahmed Fakhry en 1971, près du village de Balat, à l'entrée de l'oasis, pour que la situation change radicalement et que l'on puisse retracer l'histoire de Dakhla même si de nombreuses inconnues demeurent. D'autant qu'à partir de cette date une prospection (survey) systématique et des fouilles d'envergure furent entreprises et menées régulièrement. On avait repéré dès le début du siècle des gravures rupestres qui faisaient remonter l'occupation de l'oasis à une période extrêmement reculée. Le survey global de la surface de l'oasis, réalisé par une mission canadienne de l'université de Toronto, a permis de mettre en évidence une dizaine de sites du Paléolithique dont les traces attestent une économie mixte de chasse et d'agriculture. À l'extrémité ouest de l'oasis, on a également découvert un cimetière archaïque et un autre de la IIIe dynastie, datés par comparaison avec du matériel similaire de la vallée.
On savait, par les textes égyptiens de l'Ancien Empire, entre autres la célèbre biographie d'Hirkhouf qui avait vécu sous Pépi Ier et Pépi II et s'était fait enterrer à Assouan, que les habitants de la vallée connaissaient déjà « la route des oasis ». Mais cela était insuffisant pour en tirer des conclusions sur l'état d'égyptianisation de cette zone pendant l'Ancien Empire, sur le type de rapports qu'elle entretenait avec l'administration de la vallée.
Dans les années 1968-1972, au cours de quelques rapides campagnes de fouilles, Ahmed Fakhry découvrit, au lieu dit Qila el'Dabba, tout près du village de Balat, une importante nécropole de l'Ancien Empire dont les éléments majeurs étaient une rangée de cinq mastabas, ou groupes de mastabas, en briques crues avec des parements et des éléments architecturaux en calcaire. Des inscriptions gravées sur des montants de portes, de petits obélisques et des stèles autorisaient à conclure qu'il s'agissait de la nécropole des gouverneurs des oasis à la fin de l'Ancien Empire.
Un dégagement systématique de la nécropole a été entrepris depuis 1977 par l'Institut français d'archéologie orientale. Il a conduit en particulier à la mise au jour du mastaba inviolé de Medounefer (mastaba V), qui vécut sous le règne de Pépi II. Parmi son riche mobilier funéraire, un gobelet d'albâtre portait une inscription commémorant le premier jubilé du pharaon. Les autres gouverneurs des oasis, qui portaient comme lui le titre d'amiral, survivance d'un titre lié à la colonisation de la région, répondent au nom d'Imapépi ou Imameryrê, Decherou, Khentyka et Khentykaoupépi et ont vécu sous les règnes de Pépi Ier et de Pépi II. Leurs monuments ont tous été bâtis selon le plan classique des mastabas de la vallée ; quant au mobilier funéraire,[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Christiane M. ZIVIE-COCHE : chargée de recherche au C.N.R.S., chargée de conférences à l'École pratique des hautes études, Ve section
Classification
Autres références
-
BAHARIYA OASIS DE, Égypte
- Écrit par Françoise DUNAND et Roger LICHTENBERG
- 1 002 mots
Un jour de l'été 1996, l'âne d'un gardien du service des Antiquités trébuche dans un trou près de la route qui va de Bahariya à Farafra, non loin de Bawiti, ville principale de l'oasis occidental égyptien. Le gardien, intrigué, en réfère à son supérieur, lequel alerte aussitôt le Dr Zahi Hawass, directeur...
-
ÉGYPTE ANTIQUE (Histoire) - L'archéologie
- Écrit par Jean LECLANT
- 9 512 mots
- 9 médias
Pendant longtemps, les grandes Oasis situées à l'ouest du Nil ont été négligées par les égyptologues : elles étaient isolées, d'accès difficile – et il y avait déjà tant à faire dans la vallée du Nil. Les recherches effectuées de 1968 à 1972 par l'archéologue égyptien Ahmed Fakhry, en particulier dans... -
ÉGYPTE ANTIQUE (Civilisation) - L'art
- Écrit par Annie FORGEAU
- 11 453 mots
- 30 médias
...de la VIe dynastie, les administrateurs locaux sont de plus en plus nombreux à bâtir leur tombe sur les lieux où ils ont exercé leurs fonctions. En 1968, un vent de sable a dégagé dans l'oasis libyque de Balat, à quelque 200 kilomètres de la Vallée, un ensemble de mastabas, fouillés depuis, appartenant...