OASIS ÉGYPTIENNES, archéologie
L'oasis de Baharia
L'oasis de Baharia, Ouhat el-Baharia (l'oasis septentrionale), se situe à la hauteur de Medinet el-Fayoum à environ 200 kilomètres à l'ouest de la vallée. On peut l'atteindre à partir du Fayoum mais plus facilement par la route qui s'enfonce dans le désert au niveau des pyramides de Giza. L'oasis s'étend sur 95 kilomètres de long et une quarantaine de large. Quatre agglomérations y regroupent l'essentiel de la population qui compte environ 10 000 habitants : El-Kasr, l'ancienne capitale, El-Bawiti, Mandishah et El-Zabu.
Dans l'Antiquité, l'oasis répondait au nom de ouhat mehtet, l'oasis septentrionale, ou encore Djesdjes, réputée pour ses vins, tout comme Kenmet. Certains textes romains la désignaient comme l'oasis parva, la petite. On peut supposer qu'elle fut sous le contrôle de l'administration égyptienne dès la fin de l'Ancien Empire, mais elle n'a pas encore fourni de documents de cette époque. Des mentions de ses vins figurent déjà dans les textes du Moyen Empire. Elle apparaît également sur la stèle de Kamosé, retrouvée à Karnak en 1954, qui relate la reconquête de l'Égypte par les Thébains au début du Nouvel Empire ; il semble que les oasis aient joué un rôle dans la lutte contre les Hyksos. Pourtant, jusqu'à présent, les témoignages de cette période retrouvés sur place sont maigres : ainsi un scarabée de la XIIe dynastie au nom d'un Sésostris, dont on ne sait pas dans quel contexte archéologique il a été découvert.
C'est à partir du Nouvel Empire que nous pouvons un peu mieux saisir l'histoire de Baharia. À Qaret Hilwah, à quelques kilomètres d'El-Kasr, s'ouvre dans la falaise la tombe d'Amenhotep Houy, gouverneur de l'oasis à la fin de la XVIIIe ou au début de la XIXe dynastie. Cette tombe, très proche par son style des tombes contemporaines de la vallée, offre les scènes traditionnelles du répertoire funéraire égyptien.
Sous la dynastie saïte, qui entretenait des rapports avec la colonie grecque de Cyrène, une importante activité architecturale se développa à Baharia. Ahmed Fakhry a mis au jour plusieurs chapelles au nom d'Apriès, près d'El-Kasr, ainsi que quelques statues ; à El-Bawiti, d'autres chapelles sont consacrées à Amasis. Outre le panthéon égyptien, on y trouve des mentions de dieux locaux ou de formes locales de dieux égyptiens. Ce même site abrite la nécropole de la XXVIe dynastie avec les tombes décorées de Djedkhonsouioufankh, gouverneur de Baharia sous Amasis, Padiishtar, premier prophète de Khonsou et prophète d'Horus ; Thaty, son petit-fils, prophète de Khonsou et héraut d'Amon ; Tanefertbastet, femme de Thaty ; Djedamonioufankh et Bamentiou, son fils. À partir de la XXVIe dynastie également, et jusqu'à l'époque romaine, des ibis furent enterrés dans des catacombes non loin d'El-Bawiti. Le divin Imhotep, fils de Ptah, y est mentionné ; de nombreuses statuettes de bronze ou de pierre ainsi que des stèles y furent découvertes. Dans les années quarante, les restes d'un temple en pierre au nom d'Alexandre furent mis au jour près d'El-Tebanieh, non loin de Kasr.
L'époque romaine fut encore une période de prospérité pour l'oasis, qui en conserve de nombreuses traces, ainsi que des inscriptions libyennes à peu près contemporaines. Elle fut christianisée au ive siècle, mais commença à décliner à partir du viiie siècle. Étant donné sa richesse, il est fort probable que des fouilles plus intensives et plus systématiques que celles qui ont été menées jusque-là apporteraient beaucoup à la connaissance de l'oasis dans l'Antiquité.
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Écrit par
- Christiane M. ZIVIE-COCHE : chargée de recherche au C.N.R.S., chargée de conférences à l'École pratique des hautes études, Ve section
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