OASIS ÉGYPTIENNES, archéologie
L'oasis de Siouah
Toute proche de l'actuelle frontière entre l'Égypte et la Libye, l'oasis de Siouah est différente par ses paysages et surtout par ses traditions culturelles, des autres oasis. On y accède aujourd'hui assez facilement par une route asphaltée qui permet de franchir les 300 kilomètres qui la séparent de Mersa Matrouh. L'influence berbère y est plus marquée que dans les autres oasis et ses habitants, au nombre de 6 000 environ, bien que tous arabisés, parlent encore le siwi, dialecte berbère.
L'oasis mesure environ 80 kilomètres d'ouest en est et de 10 à 30 kilomètres du sud au nord. Son altitude se situe entre 10 et 20 mètres au-dessous du niveau de la mer. Elle possède de nombreuses sources naturelles dont certaines sont exploitées pour leurs qualités thermales. Elle offre de beaux paysages de jardins luxuriants où poussent les oliviers et la vigne.
Siouah, dans l'Antiquité Tja, est la plus célèbre des oasis en raison du pèlerinage que vint y faire Alexandre lors de son passage en Égypte en 332, pour se faire confirmer sa divinité par le célèbre oracle d'Ammon. Le dieu bélier, lié à l'eau et à la fécondité, est très probablement d'origine libyenne, et le premier état de son temple à Siouah diffère dans l'agencement des salles du plan classique des temples égyptiens. Avec l'installation d'une colonie grecque à Cyrène, son renom et son culte se sont largement répandus à travers le bassin méditerranéen dans le monde grec où il a été assimilé à Zeus. Mais surtout, il entretenait d'étroits rapports avec l' Amon égyptien par l'intermédiaire du bélier qui leur était commun et par des pratiques oraculaires. Ammon n'est d'ailleurs, peut-être, que la traduction grecque du nom égyptien d'Amon. Lorsque la mainmise égyptienne sur l'oasis fut établie, le culte du dieu et ses monuments furent égyptianisés.
De rapides prospections ont montré à Siouah des traces d'une culture paléolithique qui s'apparente à celle de la vallée. Pour l'instant on n'a pas retrouvé de restes pharaoniques antérieurs à la XXVIe dynastie. Et l'oasis n'est même pas mentionnée dans les textes égyptiens plus anciens, comme c'est le cas de toutes les autres.
Le temple d'Aghourmi, planté sur son rocher, proche de la localité de Siouah, la capitale de l'oasis, a été transformé et égyptianisé sous Amasis. Le gouverneur de l'oasis à cette époque, Sethirdis, descendant d'une famille d'origine libyenne, y est également représenté sur les murs du naos, les seuls à être décorés. Un peu plus tard, à l'époque perse, comme le relate Hérodote, l'armée de Cambyse, qui tentait de rallier Siouah depuis Kharga, périt tout entière dans les sables. C'est à Aghourmi qu'on situe le temple de l'oracle où vint Alexandre, mais il ne reste pas de traces sur place de son passage. Légèrement plus au sud, à Oum Oubeida, se dressent les ruines d'un autre temple d'Amon-Rê où l'on a retrouvé les cartouches de Nectanébo II ; il était au début du xixe siècle en bien meilleur état qu'aujourd'hui, comme le montrent les gravures de l'époque.
Au Gebel Mota, dans la même région, subsistent les restes d'une nécropole dont les tombes décorées s'apparentent à celles de la vallée : tombe anonyme dite du crocodile, de Padjehouty, Siamon, Mesouisis, dont les dates s'étagent entre la XXVIe dynastie et l'époque ptolémaïque.
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Écrit par
- Christiane M. ZIVIE-COCHE : chargée de recherche au C.N.R.S., chargée de conférences à l'École pratique des hautes études, Ve section
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