OASIS
Différents types d'oasis
Si un grand nombre d'oasis furent d'abord des escales caravanières (Sahara, routes de la soie en Asie centrale), d'autres ne procèdent pas pour l'essentiel de raisons commerciales ou politiques.
Les plus vastes oasis et les plus peuplées, celles qui correspondent aux vallées de grands fleuves allogènes (Égypte, oasis d'Asie centrale), sont des noyaux de peuplement dont la mise en place est extrêmement ancienne. L'essentiel des populations qu'ils rassemblent y a très longtemps vécu d'une agriculture d'autosubsistance à base de culture céréalière irriguée (blé ou riz). À ces productions s'ajoutent celles de l'horticulture. Ces grandes et vieilles oasis groupent depuis des siècles des effectifs considérables qui sont historiquement le fondement démographique d'États qui ont été fort puissants. L'appareil dirigeant de ces États, les couches privilégiées qui l'entourent (aristocratie, commerçants) et le peuple des artisans et colporteurs se concentrent dans des villes de grande taille. L'exemple le plus célèbre de cette catégorie est évidemment l'Égypte. À l'exception de quelques oasis d'Afghanistan qui vivent encore dans le cadre de structures véritablement « traditionnelles », la plupart de ces gros foyers de peuplement se sont considérablement transformés depuis le début du xxe siècle.
Parmi les oasis dont la création est ancienne, les oasis caravanières offrent des caractéristiques fort différentes des précédentes : leur localisation reflète des impératifs commerciaux ou militaires. La nécessité d'établir une escale sur telle route caravanière a entraîné la mise en œuvre de techniques ardues (galeries, puits, citernes) mais aussi fragiles dans des endroits où l'eau n'existe qu'en quantité limitée ou de manière précaire. Pour cette raison, ces oasis possèdent généralement des populations beaucoup plus réduites que celles qui ont pu pendant des siècles s'entasser près des fleuves allogènes qui fournissent de l'eau en quantité beaucoup plus considérable. Les oasis caravanières implantées en fonction des exigences de la circulation doivent beaucoup de leurs caractéristiques aux apports extérieurs et doivent être replacées dans le cadre d'organisations commerciales et politiques qui étendent leur emprise sur des espaces très étendus. Une grande partie de leur population a été importée de gré ou de force pour pourvoir aux travaux d'entretien du système hydraulique et pour extraire l'eau des puits. À l'agriculture qui assure la subsistance des travailleurs s'ajoutent souvent des productions de haute valeur faciles à transporter : dattes, plantes médicinales ou prophylactiques (stupéfiants), et dont la vente permet de couvrir les frais qu'entraîne l'extraction de l'eau. Sous les palmiers poussent de nombreux arbres fruitiers et le sol est occupé par les champs de céréales et de légumes.
Les cultures commerciales caractérisent les oasis de plantation. Ce type est apparu fort anciennement : les oasis de la plaine du Sous au Maroc comme celles du Bas-Iraq fournissaient autrefois de grosses quantités de sucre de canne, obtenu grâce au labeur d'esclaves noirs importés. Les oasis de la côte péruvienne ou celles qui sont situées sur l'autre versant des Andes, dans la région de Mendoza en Argentine, sont, elles aussi, caractérisées par les grandes plantations de canne à sucre. Leur essor date de la fin du xixe siècle.
Depuis quelques décennies, on assiste au développement d'oasis de type moderne qui fournissent des produits agricoles de haute valeur destinés soit à l'exportation sur le marché mondial, soit au marché national. Ainsi, dans les oasis du sud-ouest des États-Unis, en Californie, au Nouveau-Mexique, la construction[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Yves LACOSTE : docteur ès lettres, professeur à l'université de Paris-VIII-Saint Denis
Classification
Médias
Autres références
-
ARABIE HEUREUSE
- Écrit par Jean-Marc PROST-TOURNIER
- 435 mots
-
ARABIE SAOUDITE
- Écrit par Philippe DROZ-VINCENT , Encyclopædia Universalis et Ghassan SALAMÉ
- 25 169 mots
- 10 médias
...golfe Arabo-Persique, comme l’oued Hanifa au sud de Riyad, ou vers l'ouest, comme le grand oued Ar-Rummah. Le Najd est ponctué par de nombreuses oasis, souvent nourries par des nappes d'eaux souterraines, notamment dans le Qasim, autour de la ville de Buraydah, plus loin dans le ‘Arid, où s'étend... -
ASIE (Géographie humaine et régionale) - Espaces et sociétés
- Écrit par Philippe PELLETIER
- 23 142 mots
- 4 médias
...souvent nomades, s'opposent nettement aux plaines fluviales parfois étendues (Mésopotamie, Ferghana, Amou-Daria, Syr-Daria), auxquelles s'ajoutent les oasis. Là se pratique une agriculture irriguée, souvent proche du jardinage, et les espaces sont plus fortement peuplés, notamment par des villes. La... -
ASIE (Géographie humaine et régionale) - Dynamiques régionales
- Écrit par Manuelle FRANCK , Bernard HOURCADE , Georges MUTIN , Philippe PELLETIER et Jean-Luc RACINE
- 24 799 mots
- 10 médias
...région, mais la plupart se perdent dans des lacs et mers intérieures ou des cuvettes désertiques (Dasht-e Kavir, Sistan) après avoir irrigué d'immenses oasis où l'agriculture traditionnelle est particulièrement prospère : vallées du Fergana (Syr-Daria), de Samarcande (Zerafchan), de l'Amou-Daria,... - Afficher les 16 références