OBÉISSANCE (psychologie)
L’obéissance désigne le changement psychologique et comportemental qui se produit lorsqu’un individu accepte de suivre les instructions d’une autorité. L’assistant qui exécute les gestes requis par le chirurgien lors d’une opération à cœur ouvert ou le soldat qui se soumet à l’ordre de sa hiérarchie en envoyant un obus sur une cible ennemie sont des exemples de comportement d’obéissance. Les travaux de Stanley Milgram sur cette thématique font référence en psychologie sociale. Depuis le film d’Henri Verneuil I… comme Icare, sorti en 1979, les expériences sur la soumission à l’autorité de Milgram sont régulièrement à l’honneur dans les médias.
Stanley Milgram et la soumission à l’autorité
Les travaux de Milgram visent à étudier l’obéissance destructrice ; celle qui conduit à punir ou à exterminer autrui. Dans le paradigme de la soumission à l’autorité élaboré par ce chercheur, chaque participant était convié individuellement à prendre part à une expérience concernant l’effet de la punition sur l’apprentissage. Il était alors mis en présence d’une personne présentée comme un autre participant. Celle-ci était en réalité un acteur professionnel qui allait jouer un rôle établi à l’avance par Milgram. Après un tirage au sort truqué, le participant se voyait systématiquement occuper le rôle de l’enseignant, et le complice, le rôle de l’élève. Le participant était placé devant une console sur laquelle figuraient trente boutons gradués de 15 volts à 450 volts. Sous chacun de ces boutons figuraient des indications telles que « Choc léger », « Choc modéré », « Attention : choc dangereux » et, pour les intensités les plus élevées, « XXX ». Le complice était installé sur une chaise et des électrodes lui étaient branchées au niveau des bras. La tâche de l’enseignant consistait simplement à envoyer un choc électrique à l’élève chaque fois que ce dernier commettait une erreur de rappel d’une liste de mots. En réalité, l’élève réussissait ou échouait intentionnellement à rappeler chaque mot selon un plan rigoureusement préétabli. À chaque nouvelle erreur, le choc envoyé augmentait de 15 volts. À partir d’un choc de 150 volts, l’élève simulait une douleur et demandait l’arrêt de l’expérience. À 300 volts, il gémissait et refusait de répondre. À 330 volts, on ne l’entendait plus. Bien sûr, aucun choc réel n’était envoyé ; l’élève simulait tous ses comportements et réactions. Le participant n’en savait strictement rien et tout était fait pour qu’il ait l’impression d’envoyer de vrais chocs électriques. Les résultats de cette expérience surprirent la communauté scientifique. En effet, deux personnes sur trois (65 p. 100 des participants) étaient allées jusqu’au bout de cette expérience en administrant le choc potentiellement mortel de 450 volts.
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Écrit par
- Michel CHAMBON : maître de conférences
- Michaël DAMBRUN : professeur des Universités
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