OBÉSITÉ
Évolution
Phases
L' obésité évolue en plusieurs phases : une phase de constitution, dite « dynamique », au cours de laquelle l'individu passe d'un poids dit « normal » à un excès de poids ; une phase statique, où le sujet maintient son poids ; des phases de perte de poids liées à des interventions thérapeutiques ; des phases de reprise de poids (succession d'échecs des régimes).
La phase de constitution témoigne d'un bilan d'énergie positif, quelle qu'en soit l'origine (excès d'apport et/ou diminution des dépenses énergétiques). La phase de maintien résulte d'un nouvel équilibre : le poids est stable, les entrées et les dépenses d'énergie s'équilibrent. Les études récentes ont mis en évidence qu'au fur et à mesure que l'obésité progresse et dure, le tissu graisseux se transforme. Il devient inflammatoire et se fibrose. Il perd sa capacité d'informer le cerveau sur l'état des réserves énergétiques. Il se met à produire des quantités importantes de substances (telles que des hormones et des cytokines) qui contribuent au développement des complications. Si, initialement, il s'agit bien d'une maladie liée aux comportements et à l'environnement, avec des facteurs de prédisposition génétique, au fil du temps, l'obésité devient une maladie du tissu adipeux. Cela explique que les régimes amaigrissants deviennent de moins en moins efficaces car le tissu graisseux réagit moins au déficit en calories qu'ils déterminent. Il faut ajouter que, lors de la répétition des périodes de perte de poids, l'organisme s'adapte en réduisant ses dépenses d'énergie pour éviter la dénutrition : tout régime rencontre donc une limite « d'efficacité » qui se manifeste par une nouvelle stabilité pondérale. Ce mécanisme adaptatif apparaît pour des niveaux de perte de poids et de restriction alimentaire variables d'un individu à l'autre. Le corollaire en est que la capacité de perte de poids varie d'un individu à l'autre en fonction, notamment, de son âge. Il faut en tenir compte dans les objectifs thérapeutiques : un sujet prédisposé à une surcharge pondérale importante doit avoir des objectifs de perte de poids réalistes. C'est en fonction de l'histoire pondérale, du stade évolutif du processus, des apports alimentaires, des antécédents familiaux que l'on peut préciser quel peut être l'objectif de perte de poids chez un individu donné.
Une autre particularité évolutive de l'obésité est sa tendance à l'aggravation spontanée : il s'agit d'une situation chronique qui récidive dès que le traitement, quel qu'il soit, est suspendu. Des régimes excessivement restrictifs répétés peuvent favoriser le développement de « résistances » à la perte de poids, qui aggravent secondairement le problème d'obésité en rendant les tentatives de régimes successifs de moins en moins efficaces (syndrome dit « yo-yo pondéral »).
Risques encourus
Le tableau 1 résume les principales complications de l'obésité. Le diabète, l'insulinorésistance, les hyperlipidémies, l'hypertension artérielle, l'insuffisance respiratoire, l'asthme, le syndrome d'apnée du sommeil, l'insuffisance cardiaque et les maladies cardio-vasculaires en général, la stéatose hépatique, la lithiase biliaire, les cancers (endomètre, côlon, prostate, rein, sein après la ménopause) sont les maladies dont le risque est le plus augmenté par excès de poids. Plus de 80 p. 100 des diabétiques non insulinodépendants sont obèses, et 30 p. 100 de sujets ayant une obésité importante sont diabétiques. L'obésité abdominale, autrement appelée « androïde », ou viscérale (caractérisée par une augmentation de graisse à l'intérieur de la cavité abdominale ce dont témoigne une augmentation[...]
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Écrit par
- Arnaud BASDEVANT : professeur de nutrition à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie, médecin des hôpitaux, hôpital de la Pitié
- Cécile CIANGURA : chef de clinique, assistante des hôpitaux, Pitié-Salpêtrière, université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
Classification
Médias
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