OBÉSITÉ
Traitement
Les objectifs
Si, en première analyse, l'objectif est la perte de poids d'un sujet, « faire maigrir » ne peut résumer un programme thérapeutique. Traiter un sujet obèse, c'est d'abord le soulager de ses désordres physiques (douleurs, transpiration, essoufflement, etc.) et corriger ses désordres tensionnels et métaboliques. C'est aussi s'intéresser à sa situation psychologique et sociale : lui permettre de trouver les moyens de supporter, au long cours, les contraintes qu'implique le régime ; atténuer des perturbations de l'image du corps ; traiter une anxiété ou une dépression, causes ou conséquence de l'état d'obésité ; améliorer la gestion des conflits sources des désordres du comportement alimentaire. Le problème, mal résolu à l'heure actuelle, est le maintien dans le temps du poids à la suite d'une perte de poids initiale.
Il importe de fixer des objectifs pondéraux réalistes : la notion de poids idéal théorique n'est pas tenable compte tenu des différences interindividuelles de capacité à perdre du poids. Il faut une fois pour toutes admettre que les individus diffèrent par leur corpulence comme par leur taille. Les objectifs pondéraux doivent donc être individualisés. Il convient aussi de tenir compte des résistances biologiques, psychophysiologiques et psychologiques aux régimes restrictifs. Sur le plan des complications somatiques, il est de plus en plus reconnu que des pertes de poids de l'ordre de 10 à 15 p. 100 du poids initial sont suffisantes pour obtenir un réel bénéfice en termes de santé chez une grande proportion des sujets obèses diabétiques, hypertendus ou dyslipidémiques. Cet objectif pondéral peut être atteint et maintenu par le plus grand nombre de sujets, contrairement aux objectifs tels que le retour à un imaginaire poids idéal. Une perte de poids dépassant 20 p. 100 ou même le retour à des valeurs d'I.M.C. inférieures à 25 kg/m2 ne doivent être raisonnablement envisagés que si les moyens nécessaires pour y parvenir ne mettent pas en cause l'équilibre nutritionnel, somatique, psychologique et social de l'individu. La stabilisation du poids après la perte de poids initiale est un objectif de première importance, qu'une diminution du poids au-delà des limites raisonnables pourrait compromettre. Juger de l'efficacité d'un traitement ne se limite pas au suivi de la courbe pondérale. Apprécier l'adéquation entre la contrainte imposée et les bénéfices potentiels de la perte de poids est le problème central du suivi thérapeutique.
Chez certains sujets dont l'obésité n'altère pas la santé de façon préoccupante, mais chez qui elle est avant tout une source de mésestime de soi et de mal-être, la priorité thérapeutique doit porter sur les aspects psychologiques. Il importe aussi de limiter les effets secondaires potentiels de la restriction alimentaire chronique, source de troubles du comportement alimentaire, de mauvaise estime de soi voire de prise de poids.
Les moyens
Rendre les inactifs actifs est la mesure commune à tous les programmes de prise en charge. Il ne s'agit pas de préconiser la pratique d'un sport pour des sujets qui, dans leur grande majorité, sont des sédentaires. L'expérience indique que la mesure la plus régulièrement efficace est l'augmentation de la dépense énergétique dans les activités de la vie quotidienne (monter les escaliers, éviter de prendre la voiture, etc.). Bien entendu la pratique d'une activité physique programmée est souhaitable quand elle est possible.
La prescription diététique varie en fonction du contexte, suivant que l'individu est en période de prise de poids ou de stabilité pondérale, selon la présence de troubles du comportement alimentaire et le niveau des ingérés caloriques de départ et celui des dépenses énergétiques. Il[...]
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Écrit par
- Arnaud BASDEVANT : professeur de nutrition à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie, médecin des hôpitaux, hôpital de la Pitié
- Cécile CIANGURA : chef de clinique, assistante des hôpitaux, Pitié-Salpêtrière, université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
Classification
Médias
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