OBÉSITÉ
Obésité et environnement
La prévalence de l'obésité dans les pays développés est largement influencée par des facteurs sociaux et économiques. Certains sous-groupes de population paraissent plus vulnérables. Il existe une relation inverse entre le niveau de formation, de revenus ou la catégorie socioprofessionnelle et la prévalence de l'obésité. L'environnement nutritionnel, mais aussi familial (conditionnements et habitudes alimentaires, etc.), et social s'associent aux évolutions économiques et des modes de vie pour favoriser l'obésité chez les individus prédisposés.
Le système alimentaire est au cœur de la discussion avec des évolutions spectaculaires à tous les maillons de la chaîne : la production, car la disponibilité alimentaire moyenne aux États-Unis, estimée à 3800 calories/j/personne, dépasse les besoins ; la transformation si l'objectif, à ce stade du processus de développement de l'aliment, est d'augmenter palatabilité, conservation et accessibilité, cela implique nécessairement une augmentation de la densité calorique et une réduction des coûts ; distribution : la disponibilité et l'accessibilité favorisent largement la déstructuration des rythmes alimentaires et ce que l'on a pu désigner comme un vagabondage alimentaire ; acquisition : plus de la moitié des calories sont consommées hors habitation ; stockage : la réduction des capacités de stockage en raison des évolutions de l'habitat favorise l'augmentation de la densité calorique ; préparation : l'essentiel de la préparation se limite de plus en plus à rajouter des calories ; consommation : la séquence « prise et non-prise alimentaire » tend à s'estomper au profit d'une consommation échappant aux apprentissages et aux conditionnements. Il n'y a pas que des effets négatifs dans cette évolution du système alimentaire : la réduction des coûts et la disponibilité et l'accessibilité ont contribué à réduire la dénutrition et à libérer du temps pour des tâches non ménagères. Mais cette évolution est en partie, sans doute, responsable d'un bouleversement des habitudes alimentaires conduisant à l'obésité dans le monde moderne. Nous sommes en réalité devant une problématique nutritionnelle inédite. La question centrale est celle de l'adaptation aux évolutions des modes de vie : notre modèle alimentaire traditionnel n'est plus pertinent par rapport aux évolutions des modes de vie et les bouleversements du système alimentaire ne favorisent pas une adaptation « nutritionnellement correcte » des modes alimentaires. Nos ancêtres ont su s'adapter à l'environnement, aux famines et autres catastrophes. Nous devons apprendre à nous adapter à la pléthore. Dans cette phase de transition économique, les populations les plus vulnérables sont celles qui souffrent des conditions les plus précaires. Si les effets tampon de la tradition et de la culture sont inopérants, les individus deviennent vulnérables comme le montre la progression spectaculaire de la prévalence de l'obésité dans des populations migrantes.
À cette évolution des modes alimentaires s'ajoutent les effets de la réduction globale de la dépense énergétique liée à l'évolution de l'habillement, du chauffage, des moyens de transports, du travail manuel, du travail de conquête de la nourriture, le développement des services, et enfin la réduction du « coût » des activités de consommation.
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Écrit par
- Arnaud BASDEVANT : professeur de nutrition à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie, médecin des hôpitaux, hôpital de la Pitié
- Cécile CIANGURA : chef de clinique, assistante des hôpitaux, Pitié-Salpêtrière, université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
Classification
Médias
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