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OBSOLESCENCE

Qu'une technique nouvelle jugée plus « rentable » se répande aux dépens d'une technique utilisée antérieurement, qu'un équipement nouveau devienne disponible et donne au travail une productivité plus élevée en abaissant les coûts de production, les installations liées à la technique précédente, l'équipement ancien deviennent « obsolètes », dépassés. Ils connaissent un phénomène de vieillissement technique, d'obsolescence, ou de « destruction créatrice ».

Lorsqu'elle apparaît plus rapide que l'usure physique de l'équipement, l'obsolescence devient un phénomène économique. Ce phénomène, qui était considéré comme une tendance il y a quelques décennies, est devenu le cas général et entraîne diverses conséquences ; en effet, dès lors que l'obsolescence est prise pour un donné général :

L'amortissement doit être accéléré (comptabilité, fiscalité) ; il ne s'opère plus, comme précédemment, à l'identique, ce qui enlève tout caractère opératoire à la notion d'investissement net. L'investissement ne peut plus se concevoir comme une adjonction (marginale ou pas, ce n'est même plus la question) à un stock déjà existant. Tout équipement nouveau met en cause, partiellement au moins, le stock déjà existant.

L'organisation du travail est modifiée : les entrepreneurs cherchent à faire coïncider les périodes de l'usure physique et de l'obsolescence en élargissant sans cesse la pratique du « travail par postes ». Cette pratique, qui par ailleurs diminue le capital engagé par travailleur employé et permet de maintenir, voire d'élever, le taux de profit, constitue à son tour un facteur entraînant de l'évolution des techniques.

L'innovation devient un objectif propre et progresse ; elle peut, en effet, constituer pour les fabricants d'équipements le moyen de rendre obsolètes les équipements anciens chez leurs clients et donc d'élargir leur propre marché, sous réserve d'en déterminer le rythme optimal. La loi de « sélection des innovations » se manifeste donc de plus en plus clairement.

Dans chaque industrie, l'organisation de la production se modifie ; en effet, coexistent désormais des techniques différentes parce que mises en place à des dates successives. Dans les industries dont la production connaît de sérieuses modulations (électricité, chemins de fer) les unités « déclassées » sont progressivement affectées aux périodes de pointe.

Enfin, vu l'importance et la rapidité de l'obsolescence des équipements, on ne peut envisager de mesurer un « capital » par des indices physiques quelconques, indépendamment des impossibilités à en donner une mesure en valeur.

Sans avoir la même importance économique que dans la production, des phénomènes analogues se produisent dans le domaine des biens de consommation durables.

— Gérard DESTANNE DE BERNIS

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Écrit par

  • : professeur à la faculté de sciences économiques de Grenoble, président de l'Institut de sciences mathématiques et économiques appliquées, Paris

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