- 1. Une mémoire précoce
- 2. La mémoire de Vichy : de la Libération à la fin des années 1960
- 3. Nouvelles approches au tournant des années 1970
- 4. La mémoire de la Résistance en retrait
- 5. Le mythe du résistantialisme et la réception de « La France de Vichy » de Robert Paxton
- 6. Une vision plus complexe au début du XXIe siècle
- 7. Bibliographie :
OCCUPATION (FRANCE) Mémoires et débats
La mémoire de la Résistance en retrait
En 1951, le Comité d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale (C.H.2.G.M.) qui succède à la C.H.O.L.F. est directement rattaché à la présidence du Conseil. Du fait de ce lien, on a souvent conclu que la Résistance aurait fait l'objet d'une écriture en quelque sorte officielle, propre à conforter le mythe d'une France unanimement résistante. Mais si le C.H.2.G.M. accorde la priorité aux thèmes de la Résistance et de la déportation, il constitue également des commissions qui étudient tous les aspects de la France des « années noires » : captivité de guerre, histoire militaire, histoire économique et sociale, collaboration, empire colonial, groupements religieux...
Surtout, les travaux sur la Résistance ne donnent pas lieu à publication avant ceux sur le régime de Vichy, probablement parce que cette histoire intimide par sa complexité et par les enjeux qu'elle suscite. Le premier ouvrage de la collection Esprit de la Résistance, qui est une recension de textes clandestins (H. Michel et B. Mirkine-Guetzevitch, Les Idées politiques et sociales de la Résistance, documents clandestins, 1940-1944) paraît en 1954. Prenant fait et cause pour une histoire conçue si près des événements qu'elle relate – alors que cela ne va pas de soi dans l'université à l'époque –, l'historien Lucien Febvre en rédige l'avant-propos, un plaidoyer argumenté en faveur de l'écriture de cette histoire à chaud.
En 1957, la première histoire d'un grand mouvement de Résistance, Combat, est écrite par Marie Granet et Henri Michel, membres du C.H.2.G.M. Alors que les historiens de la Résistance ont été pour la plupart des acteurs de celle-ci, leur circonspection est étonnante. En tant qu'historiens, ils sont pleinement conscients de la difficulté d'écrire dans le sillage des événements et, en tant qu'acteurs, ils savent la complexité de l'histoire qu'ils ont contribué à façonner. Certains refuseront pendant longtemps de publier leurs souvenirs au motif que leur action était minoritaire, que la Résistance des débuts était leur affaire et non celle de leurs concitoyens. Henri Frenay, le fondateur du mouvement résistant Combat, ne se résout à publier La nuit finira qu'en 1973, tandis que Claude Bourdet, résistant, déporté puis responsable politique, publiera deux ans plus tard L'Aventure incertaine. Une telle posture remet fortement en cause la thèse si facilement admise d'une France qui se serait crue unanimement résistante.
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Écrit par
- Laurent DOUZOU : membre senior de l'Institut universitaire de France, professeur des Universités en histoire contemporaine à l'Institut d'études politiques de Lyon
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Médias
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