OCCUPATION (France)
L'invention de la Résistance
Entre 1941 et 1942, les noyaux originels tendent à se regrouper, ils se spécialisent en réseaux (de renseignement, d'évasion, d'action) et en mouvements, souvent organisés autour d'un journal clandestin. La Z.O. compte de nombreux groupes dont le rassemblement en mouvements plus larges est rendu difficile par la répression. Mais, dans cette zone où la responsabilité de l'État français est masquée par celle des Allemands et où la « révolution nationale » n'est que partiellement instaurée, les clivages politiques sont estompés et la réaction patriotique unit dans le même rejet de l'occupant les hommes et les femmes de droite et de gauche qui ne se résignent pas. D'ailleurs, certains réseaux à base militaire sont aidés par les services de renseignements de Vichy et tout un pan de la très courageuse Résistance alsacienne se réclamera longtemps du Maréchal. Même si certains mouvements ont une base assez homogène (socialiste et syndicaliste pour Libération-Nord), la plupart des organisations sont politiquement composites (notamment l'Organisation civile et militaire, O.C.M. ; mais ce que l'on appellera à la Libération le « réseau du Musée de l'homme » est, dès 1940-1941, un ensemble de groupes touchant à des milieux aussi divers que des cheminots du Nord, des intellectuels de gauche et des officiers supérieurs parfois royalistes). Leur recrutement va de l'extrême gauche jusqu'aux nationalistes germanophobes dont Rémy ou Maurice Ripoche, fondateur du mouvement Ceux de la Libération (C.D.L.L.), font partie. En Z.N.O., la Résistance, qui doit se situer par rapport à Vichy, s'implante surtout dans les milieux antinazis, chrétiens ou laïcs, et de tradition républicaine, principalement à gauche. Des mouvements tels que Libération-Sud d'Emmanuel d'Astier de la Vigerie (dont le démarrage date du printemps de 1941) et Franc-Tireur, fondé par Jean-Pierre Lévy en décembre 1941, rassemblent socialistes, francs-maçons, radicaux et communistes en rupture. La principale organisation, celle du capitaine Henri Frenay, plutôt marquée à droite au départ, se diversifie en devenant Combat, après sa fusion avec Liberté, d'orientation démocrate-chrétienne, en novembre 1941. Dans les deux zones, c'est dans les grandes villes que cette Résistance s'organise à partir de groupes sociaux, politiques et spirituels divers (étudiants de Défense de la France à Paris, radicaux du Coq enchaîné et militants de Témoignage chrétien à Lyon, etc.). Elle doit inventer ses modes d'action. La confection de tracts et de papillons est souvent la tâche première, avant de pouvoir fabriquer un journal qui va donner son nom et son audience au mouvement. Cette presse clandestine comptera plusieurs centaines de titres. Certains, comme Défense de la France en Z.O., parviennent à sortir régulièrement à plusieurs milliers d'exemplaires.
De son côté, le P.C., dissous en septembre 1939, se reconstitue à partir de quelques cadres. Des jeunes et des femmes se chargent des liaisons et de la propagande. Sa direction est assurée jusqu'à la Libération par Jacques Duclos, Benoît Frachon et Charles Tillon. Ses militants, très présents à la manifestation du 11 novembre 1940 à l'Arc de Triomphe, sont également à l'origine de la grève des mineurs du Nord et du Pas-de Calais, fin mai-début juin 1941, qui exprime aussi la réaction patriotique d'une région déjà occupée en 1914-1918. Hors des actes isolés, c'est après l'attaque de l'U.R.S.S. par Hitler (22 juin 1941) que le P.C. clarifie ses positions. Il essaie de briser son isolement en créant son propre mouvement de résistance, le Front national de lutte pour l'indépendance de la France (F.N.). Il tente, non sans difficultés, d'engager ses groupes d'action dans les attentats contre l'occupant. S'il[...]
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Écrit par
- Jean-Marie GUILLON : professeur émérite des Universités
Classification
Médias
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