OCCUPATION (France)
Occupation et collaborations
La France occupée est sous l'administration militaire du Militärbefehlshaber in Frankreich (M.B.F.). Dépendant de l'état-major de la Wehrmacht (O.K.W.), il contrôle le réseau des Feldkommandanturen, soit 24 000 à 30 000 hommes, en plus des troupes d'opération dont les effectifs fluctuent, selon les périodes, entre 100 000 hommes au début de l'occupation à peut-être un million en 1944. Le M.B.F. doit composer avec d'autres services, qui reflètent la polycratie nazie et ses rivalités. La commission d'armistice de Wiesbaden, sa branche économique et ses bureaux d'achats partagent le contrôle des ressources françaises avec de multiples organismes, dont l'organisation Todt (qui dépend du ministère de l'Armement), et, de plus en plus, l'administration de Fritz Sauckel, chargée du recrutement de travailleurs pour l'Allemagne. Le pillage des œuvres d'art relève d'Hermann Goering, la pénétration des industries culturelles (notamment le cinéma) de Joseph Goebbels dont les services (la Propaganda Staffel) cherchent à étouffer la culture française (plus de deux mille livres interdits), alors que l'ambassadeur, Otto Abetz, ancien président du Comité France-Allemagne, fort de ses liens avec les intellectuels, veut la mettre au service de la collaboration. Abetz, sur lequel Laval s'appuie, reste très influent jusqu'au printemps de 1942. On assiste alors à la montée en puissance de la SS et de son bras policier, la Sipo-SD (Sicherheitspolizei-Sicherheitsdienst ou police de sécurité), dont l'un des services, la Gestapo (le service IV), devient, pour les Français, le synonyme de « la » répression allemande. Le M.B.F. s'est d'abord engagé dans des exécutions massives d'otages, surtout communistes, à l'automne de 1941 (98 fusillés en octobre, dont 27 à Châteaubriant, après les attentats de Bordeaux et Nantes), avant de leur préférer d'autres formes de répression. Mais, en dépit de la sévérité de ses tribunaux et bien que les déportations aient commencé pour les opposants à l'occupation nazie et les ennemis du Reich (décret « Nuit et brouillard », 7 décembre 1941), il est trouvé trop peu efficace par Hitler. La SS joue dès lors un rôle déterminant dans la lutte contre la Résistance, comme dans la mise en place de la « solution finale ». À la suite de la conférence de Wannsee (20 janvier 1942), les déportations ont été étendues aux internés juifs (un millier de départs en mars et juin 1942), mais elles prennent une autre portée avec la signature des accords du 2 juillet entre Karl Oberg, chef de la SS en France, et René Bousquet, secrétaire général au maintien de l'ordre, représentant Laval, qui permettent la rafle de trente mille juifs étrangers par la police française, le 16 juillet, à Paris (« rafle du Vél' d'Hiv' ») et la « livraison » de ceux de zone Sud en août.
Chaque service allemand possède sa clientèle collaborationniste. Celle-ci est composée de « révolutionnaires » d'extrême droite, que l'on trouve dans des groupuscules comme le Parti franciste de Marcel Bucard ou au Parti populaire français (P.P.F.), ou de militants issus de la gauche pacifiste ou fascinés par le « socialisme » nazi, comme Marcel Déat ou l'équipe du journal La France socialiste. Tous militent pour l'alignement, idéologique et militaire, sur le vainqueur afin de régénérer le pays. Ce collaborationnisme, dont les bases sont en région parisienne, est utilisé par les Allemands pour étendre leur influence et pour peser sur Vichy. Il conduit quelques jeunes hommes à l'engagement militaire, d'abord dans la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (la L.V.F. n'alignera jamais plus de 3 500 hommes), créée en juillet 1941, puis dans la Waffen SS en 1943.[...]
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Écrit par
- Jean-Marie GUILLON : professeur émérite des Universités
Classification
Médias
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