OCCUPATION (France)
La clarification (automne de 1941-automne de 1942)
Affectée par les difficultés de tous les jours, la population est abattue. Son trouble est accentué en Z.O. par les mesures de répression (les fusillades d'otages) et d'exclusion (port de l'étoile jaune pour les juifs en mai 1942). Mais, ébranlée par le retour de Pierre Laval au pouvoir (17 avril 1942), qui accélère la décomposition de Vichy, elle est révoltée par la menace du travail en Allemagne qui s'étend à tout le pays entre juin et septembre 1942. Elle mise sur les Alliés, anglo-américains et russes, à travers lesquels elle « fait » la guerre. Toute une résistance sociétale émerge, qui prend les aspects les plus divers. Ils vont de réactions relevant de l'« émotion populaire », dont les multiples mouvements de ménagères sont une illustration, jusqu'à l'aide apportée aux juifs persécutés à partir des rafles de l'été 1942 (qui, à travers le titre de « Juste parmi les Nations », a pris une place considérable dans la mémoire collective à la fin du xxe siècle). Faite de petits gestes et de connivence, cette dissidence ne cessera de se développer. Elle sert de terreau à la résistance organisée.
Celle-ci s'étend désormais hors de ses noyaux, sociaux et urbains, d'origine. Les dernières illusions maréchalistes se dissipent en son sein. Les principales organisations clandestines se placent clairement derrière la France Libre. Jean Moulin, parachuté en Provence le 2 janvier 1942 en tant que délégué du général de Gaulle en Z.N.O., parvient à faire reconnaître son autorité par les chefs des mouvements et à regrouper leurs éléments paramilitaires dans l'Armée secrète (A.S.). La situation est plus compliquée en Z.O., mais la déclaration du 24 avril 1942, ramenée en France par Christian Pineau, chef du mouvement Libération-Nord, confirme l'adhésion du Général aux principes républicains. Cette « républicanisation » de la Résistance est une évolution majeure. Elle s'exprime en zone Sud par des manifestations de rues, le 14 juillet 1942, qui rassemblent dans les principales villes plusieurs milliers de personnes. Le courage des Français libres du général Koenig à Bir Hakeim (juin 1942) face aux troupes du maréchal Rommel contribue au rayonnement de « Londres » et à rendre espoir. Cependant certains résistants préfèrent travailler avec les réseaux britanniques de l'I.S. (Intelligence Service) ou du S.O.E. (Special Operation Executive), qui disposent de liaisons et de moyens. C'est le cas de pétainistes dissidents, comme le capitaine Georges Loustanau-Lacau, fondateur du réseau Alliance, ou d'antigaullistes viscéraux comme le peintre André Girard, fondateur du réseau Carte. Les Britanniques, qui cherchent à garder la main sur la Résistance française et à circonscrire les initiatives gaullistes, accordent même à ce dernier la création d'une radio (Radio-Patrie) pour concurrencer les émissions de la France libre.
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Écrit par
- Jean-Marie GUILLON : professeur émérite des Universités
Classification
Médias
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