OCCUPATION (France)
L'engrenage de la guerre
Les bombardements qui frappent les villes à partir du printemps de 1942, les raids alliés sur Saint-Nazaire et Dieppe (avril et août) signalent le retour de la guerre sur le sol de France. Au même moment, les jeunes Alsaciens, déjà soumis au travail « volontaire », sont incorporés de force dans la Wehrmacht (les « malgré nous »). Dans le reste du pays, la « Relève » de volontaires devient forcée, avec les réquisitions d'ouvriers imposées le 4 septembre. Tout s'accélère à l'automne avec le débarquement américain en Afrique du Nord le 8 novembre 1942 (opération Torch), l'occupation de la zone Sud par les Allemands et les Italiens (le Sud-Est et la Corse) à partir du 11, le sabordage de la flotte à Toulon le 27. Mais, dès septembre 1942, la bataille de Stalingrad, à peine entamée, avait été perçue par l'opinion comme décisive.
Vichy n'est plus qu'un État satellite de l'occupant. L'évolution des ultras du pétainisme – Joseph Darnand, chef de la Milice, endossant l'uniforme allemand – témoigne de la radicalisation de ce qu'il en reste. Le clivage entre vichystes et collaborationnistes s'efface, comme le confirmera l'arrivée de Déat au ministère du Travail en mars 1944. Les troupes d'occupation se préparent à un débarquement allié en France. De nouvelles réquisitions d'hommes sont affectées à la Todt pour la construction des « murs » de l'Atlantique et de la Méditerranée. Elles s'ajoutent au Service du travail obligatoire (S.T.O.), imposé aux jeunes par la loi du 16 février 1943, qui répond aux nouvelles exigences de Sauckel. Mais les réquisitions s'étiolent après l'accord signé par les ministres Albert Speer (Armement) et Jean Bichelonne (Production industrielle), en septembre 1943, qui favorise l'emploi en France dans quelque 13 000 entreprises protégées. Au total, les réquisitions pour le travail en Allemagne ont touché 650 000 hommes environ. La population, comme la Résistance, les qualifie de déportations, ce qui contribue à faire perdre leur spécificité aux déportations qui conduisent dans les camps de concentration ou d'extermination, alors que l'occupant étend sa politique d'extermination et de répression en zone Sud. La destruction du quartier du Vieux-Port à Marseille en janvier-février 1943 et les rafles massives de Juifs réfugiés à Nice en septembre en sont les épisodes les plus tragiques. L'essentiel des déportations de résistants a lieu à partir de l'automne de 1943, quand la Wehrmacht et la SS, peu satisfaites de l'action de Vichy, prennent en charge la lutte contre les maquis, avec des auxiliaires français, parmi lesquels la Franc-Garde de la Milice, et en utilisant des méthodes de terreur pratiquées sur le front de l'Est.
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Écrit par
- Jean-Marie GUILLON : professeur émérite des Universités
Classification
Médias
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