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OCCUPATION (France)

La Libération en perspective

Après la capitulation de l'Italie (8 septembre 1943), alors que la bataille fait rage dans la péninsule avec la participation du Corps expéditionnaire français venu d'Afrique du Nord, la préparation de la libération s'accélère. À Alger, l'Assemblée consultative provisoire, constituée d'élus et de résistants, est réunie en novembre pour aider le C.F.L.N. à préparer les ordonnances (dont celle sur le vote des femmes) qui fourniront un cadre légal au pouvoir futur. Des préfets et des commissaires régionaux de la République sont désignés et des délégués militaires parachutés. La Résistance commence à former des Comités départementaux de la libération (C.D.L.). L'accord du 29 décembre 1943 aboutit au regroupement théorique de l'Armée secrète, des F.T.P., rejoints en février 1944 par l'O.R.A., au sein des Forces françaises de l'intérieur (F.F.I.).

Mais l'approche des échéances avive la lutte pour l'hégémonie sur la Résistance. La libération de la Corse en septembre-octobre 1943 est proposée comme un modèle d'insurrection nationale et de prise de pouvoir par les communistes qui, sous le couvert du F.N., y ont joué un rôle majeur. Préconisant l'action immédiate, ils dénoncent l'« attentisme » de partenaires dont la stratégie s'intègre aux plans alliés de débarquement. Alors que délégués de Londres, chefs socialistes, responsables de mouvements craignent que la population subisse les conséquences d'actions qu'ils jugent intempestives, cette ligne activiste est adoptée par le M.L.N. Défendue par sa commission militaire et les chefs F.F.I., elle entend faire participer les Français à leur propre libération et opposer un contre-pouvoir aux hommes de Londres ou d'Alger. Cette évolution ne reflète pas seulement l'influence communiste dans les états-majors, mais aussi le glissement à gauche d'une résistance chez qui les maîtres mots deviennent « révolution » et, sous diverses formes, « socialisme ». C'est ce que traduit le Programme du C.N.R., adopté le 15 mars 1944, qui entend instaurer « une véritable démocratie économique et sociale ».

La poussée des communistes bouscule les rapports de force antérieurs. La composition de nombreux C.D.L. ou l'activité de ceux qui ont été mis sur pied sont fréquemment bloquées par leurs revendications. Les communistes souhaitent être mieux représentés et cherchent à faire prévaloir une ligne insurrectionnelle que leurs partenaires rejettent souvent. Les F.F.I., dont l'état-major national n'est constitué qu'en mars et les états-majors régionaux en avril, restent le plus souvent à l'état de coquille vide. Les F.T.P. et l'O.R.A. entendent préserver leur autonomie et leurs moyens. En fait, à la veille du débarquement, alors que le C.F.L.N. s'est transformé le 3 juin en Gouvernement provisoire de la République française (G.P.R.F.), sur le terrain métropolitain, l'unité résistante n'est pas la règle, mais l'exception.

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Appel à la résistance, juin 1940 - crédits : D.R.

Appel à la résistance, juin 1940

Le Comité national français à Londres, 1941 - crédits : Keystone-France/ Gamma-Keystone/ Getty Images

Le Comité national français à Londres, 1941

La voix de la France - crédits : Haywood Magee/ Picture Post/ Getty Images

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