OCCURRENCE, linguistique
On appelle « occurrence » la possibilité, pour un item linguistique, d'apparaître à un point de la chaîne. Le concept est fondamental dans la théorie distributionnelle, qui pratique sur l'axe syntagmatique des segmentations en constituants immédiats et définit notamment la notion de liberté d'occurrence, faculté pour un constituant de se retrouver dans d'autres énoncés : une séquence qui est un constituant a une occurrence plus fréquente que celle qui n'est pas un constituant, de sorte que la meilleure division est celle qui aboutit à des constituants ayant la plus grande liberté d'occurrence. Il est clair que, si l'on veut, par exemple, segmenter la séquence « un éplucheur de pommes de terre », le locuteur natif pourra spontanément appliquer la coupure de sens et le contour intonatif après le premier nom, ce qui lui permettra de décoder correctement la séquence, simplement parce qu'il a en mémoire les innombrables contextes où apparaît « pomme de terre » de préférence à « éplucheur de pommes » (qu'il faudrait alors comprendre comme étant de terre, alors que d'autres seraient métalliques, ce qui n'est pas attesté). Il est bien entendu que des cas se présentent où la coupure n'est pas possible, ce qui rend la séquence ambiguë (par exemple, « un vieux cavalier ») ; les deux segmentations paraissent alors aussi plausibles et l'on dit que les deux structures, identiques en apparence, mais issues de deux schèmes différents en profondeur, constituent une homonymie syntaxique, qu'une simple analyse de la distribution contextuelle ne permet en aucun cas de lever. Il faut alors, pour en expliquer l'encodage, recourir aux procédures complexes de la grammaire générative.
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Écrit par
- Robert SCTRICK : assistant à l'université de Paris-X
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