OCÉAN ET MERS (Vie marine) Vie benthique
Collecte de la nourriture
Ses modalités sont infiniment variées chez les animaux benthiques. On peut distinguer sommairement deux grandes catégories, les macrophages et les microphages, suivant que la taille des proies est relativement importante par rapport à celle de l'espèce considérée, ou qu'il s'agit au contraire de proies microscopiques.
Macrophages
Les macrophages se rencontrent surtout parmi les espèces relativement mobiles : poissons, grands crustacés décapodes, mollusques céphalopodes, qui chassent, ou guettent à l'affût, des proies très diverses. Les poissons benthiques se nourrissent le plus souvent de mollusques (surtout bivalves), d'annélides polychètes et de crustacés ; les crustacés décapodes macrophages mangent plutôt des vers ou d'autres crustacés, et parfois aussi des éponges ou des échinodermes ; les céphalopodes (poulpes, seiches) se nourrissent surtout de crustacés décapodes. La macrophagie se rencontre parfois chez des espèces sédentaires ou même fixées : par exemple, beaucoup d'actinies happent au passage le crustacé ou le poisson imprudent qui est venu nager trop près de leur bouquet de tentacules garnis de cellules urticantes dont le venin paralyse la proie. De nombreux gastéropodes (pourpres, Murex) perforent, afin de les dévorer, la coquille d'autres mollusques. La plupart des cônes, gros gastéropodes tropicaux dont la belle coquille est très recherchée des collectionneurs, arrivent à paralyser et à ingérer entiers de gros vers et mollusques, et même des poissons. La prédation aux dépens d'animaux relativement volumineux existe enfin, parmi les invertébrés sédentaires, chez bon nombre d' étoiles de mer : ainsi les grosses Asterias à surface verruqueuse, communes sur nos côtes, se nourrissent de bivalves dont elles entrebâillent légèrement la coquille avec leurs bras, afin d'y introduire leur estomac ; projeté à l'extérieur, celui-ci digère littéralement la victime au sein même de sa coquille. Certains de ces macrophages carnivores, lorsque les proies vivantes manquent, se rabattent sur des cadavres.
On peut aussi, à la rigueur, ranger parmi les macrophages les animaux brouteurs ; ceux-ci peuvent vivre aux dépens soit de végétaux, soit d'animaux coloniaux, pas tellement différents, après tout, des végétaux quant à la passivité, puisque les naturalistes du début du xixe siècle les appelaient les zoophytes. À vrai dire, les brouteurs de végétaux s'adressent le plus souvent à des algues microscopiques et sont donc plus à leur place parmi les microphages. Cependant divers gastéropodes opisthobranches, sans coquille ou à coquille, sont des brouteurs de grandes algues ; par exemple, les aplysies, que leurs expansions céphaliques semblables à des oreilles ont fait surnommer « lièvres de mer », consomment des algues rouges et certains nudibranches consomment des algues vertes (Codium, entéromorphes) ; de même bon nombre d'oursins réguliers, et notamment les Echinus et les Paracentrotus comestibles de nos côtes, sont des mangeurs d'algues. C'est surtout aussi parmi les gastéropodes opisthobranches que l'on trouve les brouteurs d'invertébrés, qui tondent littéralement les petits individus des colonies d'hydraires, d'alcyonaires, de bryozoaires, d'ascidies composées. Quelques étoiles de mer paraissent être brouteuses d'éponges.
Microphages
En ce qui concerne les animaux benthiques microphages, la question qu'on doit se poser tout d'abord est celle de la nature des proies. Celles-ci peuvent être constituées, bien sûr, de tous les végétaux et animaux vivants de très petite taille, depuis de petits invertébrés ou des larves jusqu'aux bactéries, en passant par tous les protistes. Mais il faut encore savoir si ces microphages peuvent aussi tirer parti des particules organiques mortes ou même des[...]
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Écrit par
- Lucien LAUBIER : professeur émérite à l'université de la Méditerranée, Marseille
- Jean-Marie PÉRÈS : membre de l'Institut de France, commandeur de la Légion d'honneur, professeur émérite de l'université de la méditerranée Aix-Marseille-II
Classification
Médias
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