INDIEN OCÉAN
Géophysique
Dès 1888, E. Suess notait la ressemblance géologique entre les terres qui bordent l'océan Indien et l'Atlantique Sud, et supposait qu'elles avaient été autrefois réunies en un continent unique, le Gondwana. Depuis lors, la théorie de la dérive des continents, due à A. Wegener, a permis de comprendre comment se continent, encore cohérent à la fin du Paléozoïque, a pu se rompre en éléments aujourd'hui dispersés. Grâce aux progrès dans la connaissance des marges continentales, et l'emploi du paléomagnétisme, on arrive à préciser la disposition ancienne de ces éléments (cf. tectonique des plaques, gondwana, téthys), même si l'ordre des ruptures et les itinéraires suivis sont encore parfois incertains.
Aussi jeune que l'Atlantique, l'océan Indien est beaucoup plus complexe parce que les blocs continentaux en cause sont plus nombreux et ont dérivé de façon irrégulière. Il semble que le premier à s'être séparé de l'ensemble gondwanien ait été l'Australie, et que de ce fait la dorsale australo-antarctique soit la plus ancienne (et aussi la moins saillante). Par contre, l'écartement du microcontinent des Kerguelen par rapport à l'Antarctique semble tout récent, et la dorsale correspondante est encore à peine esquissée. Entre les autres blocs, les dorsales médio-océaniques, même si leur plan d'ensemble déconcerte au premier abord, sont de type classique, comme la dorsale de Carlsberg entre le bloc africain et le bloc indien, ou la dorsale de Bouvet-Marion entre l'Afrique et l'Antarctique. Ces dorsales sont, classiquement, composées de segments actifs décalés les uns par rapport aux autres par des failles de raccord ; l'une au moins de celles-ci est le lieu d'une incision bien marquée, transversalement à l'axe général de la dorsale : c'est la « fosse de la Véma », au sud-ouest des îles Chagos.
Des fosses océaniques au sens strict existent en plusieurs secteurs : la fosse de la Sonde est la mieux connue, et aussi la plus nettement caractérisée comme une fosse active. La fosse de Makran, au sud de l'Iran, est l'expression en domaine océanique des vastes subsidences qui bordent, au sud, les chaînes alpines. Par contre, on voit plus difficilement comment s'insèrent, dans le schéma général des expansions et des digestions océaniques, les fosses des Mascareignes (fosse des Amirantes et fosse de l'île Maurice) et la fosse des Chagos : topographiquement bien caractérisées par la coexistence d'arcs insulaires et de dépressions longitudinales, ces fosses, actuellement quasi inactives, sont curieusement disposées de part et d'autre de la dorsale de Carlsberg.
Enfin, l'océan Indien comporte des reliefs sous-marins, encore insuffisamment décrits, dont l'explication géophysique pose de très grands problèmes : c'est le cas des « fosses » de l'Ob et de la Diamantina, au sud-ouest de l'Australie, et plus encore celui de la ride de Nonantest, dont la disposition incite à considérer la genèse comme liée à la dérive vers le nord du subcontinent indien, mais sans que l'on en comprenne bien le mécanisme.
Alors que les vastes bassins du nord-est de l'océan Indien, quasi exempts de reliefs postiches (monts de mer ou guyots), ont une croûte de type océanique, une telle croûte ne se rencontre à l'ouest, avec ses caractères typiques, que dans le centre de chacun des petits bassins ; sur leurs flancs, la croûte a pris des caractères mixtes, et les reliefs qui séparent les bassins sont souvent formés d'une croûte d'apparence continentale ; aussi emploie-t-on volontiers le terme de « microcontinent », non seulement pour Madagascar, mais aussi pour les Seychelles et les Kerguelen, formées en partie de granites précambriens. Il semble bien que l'émiettement de la partie centrale du Gondwana explique[...]
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Écrit par
- Jean-Pierre PINOT : professeur à l'université de Bretagne-Occidentale, Brest
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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