PACIFIQUE OCÉAN
Géodynamique : histoire plaquiste de l'océan Pacifique
Mouvement instantané
C'est le Pacifique qui servit au premier test publié de la théorie de la tectonique des plaques. Dan McKenzie et Robert L. Parker montrèrent en 1967 que tous les mécanismes à la source des séismes sur le pourtour de la partie nord du Pacifique possédaient une propriété remarquable : la direction de la projection horizontale du vecteur indiquant le mouvement sur le plan de la faille responsable du séisme varie d'une façon systématique à la limite entre le Pacifique et l'ensemble continent nord-américain-Aléoutiennes-Kamtchatka-Kouriles-Japon. Sur un total de quatre-vingts séismes superficiels survenus dans la période de 1957 à 1967, environ 80 p. 100 avaient des vecteurs mouvement à 200 de la direction prédite par un modèle d'interaction entre deux ensembles rigides à la surface d'une sphère. L'azimut de la faille de San Andreas entre Parkfield et San Francisco et le vecteur mouvement moyen de toutes les répliques dans la région de l'île Kodiak consécutives au grand tremblement de terre de l'Alaska de 1964 (magnitude 8,4-8,5 sur l'échelle de Richter) permirent, par construction graphique simple, de déterminer un pôle de rotation eulérien à 500 N. 850 O. pour le mouvement relatif Pacifique-Amérique du Nord. En 1978, un meilleur ajustement de toutes les données sur le globe a permis de déterminer un pôle proche de 490 N. 740 O., ce qui démontre la justesse de la première analyse.
Interaction Pacifique-Amérique du Nord
Les failles de San Andreas, des îles de la Reine-Charlotte et de Fairweather forment un système transformant entre la dorsale du Pacifique est et la fosse des Aléoutiennes correspondant à un coulissage dextre. À partir de l'Alaska et le long de l'arc des Aléoutiennes, la plaque Pacifique plonge sous les îles et le continent nord-américain avec un angle faible de l'ordre de 70. Le changement de direction de l'arc des Aléoutiennes dans sa partie occidentale induit un cisaillement dextre. Le changement de direction brutal entre l'arc des Aléoutiennes et la fosse des Kouriles au droit du Kamtchatka signifie le retour à un régime de chevauchement dans le secteur situé entre le Kamtchatka et l'île de Honshū au Japon.
Le contact direct Pacifique-Amérique du Nord et Eurasie est interrompu à l'est par l'existence de la plaque Cocos (ou même de la plaque Rivera), au sud du golfe de Californie et à l'ouest par la présence de la plaque Philippines. Cette frontière est également compliquée, au droit du nord de la Californie, de l'Oregon, de l'État de Washington et de la Colombie britannique, par l'existence de la petite plaque Juan de Fuca entre la faille de Mendocino et la faille
de la Reine-Charlotte. Cette plaque s'enfonce sous l'Amérique du Nord à une vitesse de l'ordre de 3 à 4 centimètres par an (de 30 à 40 km par million d'années) et s'écarte de la mégaplaque Pacifique de 2 (ride de Gorda au sud) à 5,8 centimètres par an (ride de Juan de Fuca au nord).
La vitesse du mouvement relatif entre la plaque Pacifique et l'Amérique du Nord est curieusement très mal contrainte puisqu'on ne peut utiliser que le taux (incertain) de cisaillement sur la faille de San Andreas ou les taux d'ouverture dans les petits bassins du golfe de Californie.
Interaction Pacifique-Cocos et Cocos-Amérique du Nord et Caraïbes
Au sud de la faille transformante Rivera, la dorsale du Pacifique est sépare la plaque Pacifique de la plaque Cocos jusqu'au point triple des Galápagos vers 20 N. Dans ce segment, la dorsale du Pacifique est a un taux d' accrétion rapide (9 cm/an) à ultrarapide (13,5 cm/an) et est décalée par de nombreuses failles transformantes : Orozco, Clipperton, Siqueiros. Un très grand nombre de recherches françaises[...]
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Écrit par
- Jean FRANCHETEAU : ingénieur civil des Mines, professeur des Universités en géophysique, université de Brest
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