PACIFIQUE OCÉAN
Évolution de l'océan Pacifique
Les données dont on dispose pour reconstituer la cinématique des plaques océaniques qui occupaient la surface du Pacifique ne comprennent que la moitié de la croûte océanique formée aux frontières en accrétion de la plaque Pacifique. L'autre moitié a disparu par subduction aux marges de l'océan Pacifique. À l'exception de quelques fragments de plaques plus grandes, les données (linéations magnétiques et zones de fracture) de la plaque Pacifique sont les seules qui permettent de reconstituer l'évolution cénozoïque et mésozoïque de cet océan.
Les anomalies magnétiques ou linéations d'Hawaii dans le Pacifique nord-ouest ont enregistré le mouvement des plaques Pacifique et Farallon entre 163 (anomalie M26) et 119 millions d'années (anomalie M0). Pendant la période magnétique calme normale du Crétacé, entre 119 et 83 millions d'années, la zone de fracture de Mendocino du Pacifique nord permet de contraindre le mouvement entre les plaques Pacifique et Farallon. À partir de 85 millions d'années (anomalie 34), il est possible de calculer le mouvement entre la plaque Pacifique et la plaque Farallon ou les plaques qui résultent de la fragmentation de Farallon (Juan de Fuca, Rivera, Cocos, Nazca) ainsi que le mouvement entre les plaques Pacifique et Antarctique.
Dans la partie nord de l'océan Pacifique, il faut envisager l'existence de deux plaques : Izanagi et Kula. Les données magnétiques et la géométrie des zones de fracture imposent l'existence de la plaque Izanagi (peut-être même deux plaques) à l'ouest du fossé de l'Empereur entre 145 (anomalie M16) et 119 millions d'années et l'existence de la plaque Kula à l'est du fossé de l'Empereur entre 72 (anomalie 32b) et 56 millions d'années (anomalie 25).
Les anomalies magnétiques ou linéations Phoenix du Pacifique central ouest ont enregistré le mouvement des plaques Pacifique et Phoenix au Mésozoïque (de M25 à M1 : de 161 à 123 Ma).
L'histoire de la plaque Pacifique a commencé il y a environ 190 millions d'années, au Jurassique inférieur, lorsque cette plaque, maintenant immense, n'était qu'une microplaque à la jonction des plaques Izanagi, Farallon et Phoenix. Les témoins les plus anciens de la plaque Pacifique se situent à l'est de la fosse des Mariannes, dans la bande délimitée par les îles Marshall au sud et les monts du centre Pacifique (Mid-Pacifique Seamonts) au nord. Ce secteur comprend le bassin situé à l'est des Mariannes, le bassin de Pigafetta et les monts Magellan. Il est caractérisé par une zone magnétique calme (Jurassic Quiet Zone) où la croûte est plus ancienne que le Callovien moyen, âge de l'anomalie magnétique jurassique la plus ancienne reconnue (M37 : 173 Ma). Au cours du Mésozoïque, la plaque
Pacifique s'agrandit rapidement tandis que les plaques Izanagi, Farallon et Phoenix s'en éloignent respectivement vers le nord, l'est et le sud. Pendant la période magnétique calme du Crétacé entre les anomalies magnétiques M0 (118 Ma) et 34 (84 Ma), la cinématique est moins claire car on ne dispose pas de données sur les âges. Au sud des linéations magnétiques Phoenix, l'accrétion a pu, pendant la période calme, créer toute la croûte du sud-ouest Pacifique, de l'équateur jusqu'à 400 S. Vers la fin de la période calme (75 Ma), la frontière nord de la plaque Pacifique est réorganisée avec la naissance de la plaque Kula qui, dès son arrachement de la plaque Farallon, au niveau du fossé de Chinook, est entraînée extrêmement rapidement, à la vitesse de 120 à 170 kilomètres par million d'années, vers les zones de subduction du Pacifique nord. La plaque Farallon continue à s'éloigner de la plaque Pacifique vers les zones de subduction du Pacifique est pendant toute la période magnétique[...]
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Écrit par
- Jean FRANCHETEAU : ingénieur civil des Mines, professeur des Universités en géophysique, université de Brest
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