OCÉANIE Ethnographie
Polynésie
Le peuplement humain
Les îles polynésiennes furent peuplées de gens venus des côtes d'Asie et qui comportaient les éléments caucasoïdes, négroïdes et mongoloïdes. Il est difficile de distinguer nettement les Polynésiens de certaines populations mélanésiennes des îles Fidji. Les dates de peuplement font remonter au début de l'ère chrétienne l'arrivée des hommes à Samoa, aux îles Fidji ; les îles Marquises et les îles de la Société furent peuplées un peu plus tard, ainsi que Hawaii, entre 100 et 200 après J.-C. Enfin, les premières traces de peuplement polynésien en Nouvelle-Zélande sont beaucoup plus récentes puisqu'elles datent de 1150 après J.-C. On a discuté longtemps sur le point de savoir si l'émigration des Polynésiens était le résultat de déplacements accidentels ou bien si, au contraire, les îles furent peuplées par de véritables expéditions, minutieusement préparées. Il semble aujourd'hui certain, d'après les découvertes archéologiques, que la plupart des migrations furent volontaires et organisées. Il est clair maintenant que les Polynésiens sont une branche détachée des Mélanésiens. Aussi, les cultures de Tonga et de Samoa ne devaient-elles pas être très différentes, autour de l'an mille, des cultures mélanésiennes. On a retrouvé d'ailleurs, à Samoa et aux îles Marquises, des restes de poterie qui datent des premiers établissements et qui prouvent l'origine mélanésienne du peuplement. D'autre part, le centre de dispersion des Polynésiens dans tout l'est du Pacifique semble avoir été les îles Marquises. Les fouilles archéologiques dans ces îles ont montré qu'une importante expansion démographique s'est produite à partir de l'an 1000 après J.-C. Les Polynésiens colonisèrent les Touamotou et enfin la Nouvelle-Zélande.
Linguistiquement, il est difficile également de distinguer nettement les langues polynésiennes des langues mélanésiennes. Elles font toutes partie de la famille des langues austronésiennes que l'on trouve établies en Indonésie, aux Philippines et dans toute l'Océanie. Étant donné les découvertes récentes, on peut affirmer que la séparation entre le polynésien et le mélanésien date d'environ 1500 avant J.-C., tandis que la séparation entre le polynésien occidental et le polynésien oriental date du début de l'ère chrétienne. C'est à cette époque que les langues des îles Marquises se sont séparées de celle de l'île de Pâques et que l'ancien tahitien a donné naissance aux langues hawaiienne et maori. On peut donc affirmer que les langues polynésiennes prirent racine sur les côtes de l'Asie méridionale et qu'elles représentent une subdivision de la famille mélanésienne ; elles se sont diversifiées peu à peu au cours de leur histoire.
Pour avoir su naviguer sur un si vaste océan et en avoir occupé peu à peu toutes les îles, les Polynésiens étaient de grands navigateurs. Ils voyageaient sur pirogues, qui étaient de trois types principaux : la pirogue à balancier creusée dans un tronc d'arbre, de petite dimension ; la grande pirogue à balancier surmontée de hauts bords ; le katamaran ou embarcation à deux coques réunies par une plate-forme sur laquelle était construite une case. Pour naviguer, les Polynésiens s'orientaient d'après les étoiles ; ils savaient aussi utiliser les vents suivant la saison, profitant des alizés du sud-est ou au contraire des vents de nord-ouest. De plus, les courants marins étaient mis à contribution. Lorsque les Polynésiens partaient coloniser des terres nouvelles, ils entassaient dans leurs pirogues de nombreuses provisions, des ignames, des taros, des patates douces, des noix de coco, afin de pouvoir résister à un long voyage. Ils emportaient aussi des animaux domestiques, chiens, poulets et porcs. Ainsi les Polynésiens ont-ils[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Daniel de COPPET : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales
- Jean-Paul LATOUCHE : attaché de recherche au C.N.R.S.
Classification
Média
Autres références
-
ASIE (Géographie humaine et régionale) - Espaces et sociétés
- Écrit par Philippe PELLETIER
- 23 142 mots
- 4 médias
...d'archipels qui ourlent la façade pacifique des terres continentales asiatiques. Mais elle n'est pas sans complexités car l'Asie est en contact avec les pays de l'Océanie, dont les possessions américaines (les Mariannes par exemple). Le peuplement historique de la Micronésie, de la Mélanésie et de la Polynésie... -
AUSTRALIE
- Écrit par Benoît ANTHEAUME , Jean BOISSIÈRE , Bastien BOSA , Vanessa CASTEJON , Encyclopædia Universalis , Harold James FRITH , Yves FUCHS , Alain HUETZ DE LEMPS , Isabelle MERLE et Xavier PONS
- 27 355 mots
- 29 médias
Pays massif, l'Australie oscille entre deux qualificatifs : est-elle la plus grande île de la planète ou son plus petit continent ? Elle représente 85 % des terres émergées de l'Océanie, immense continent maritime. -
AUSTRONÉSIENS
- Écrit par Jean-Paul LATOUCHE
- 919 mots
Pris dans un sens strict, les Austronésiens forment un groupe ethnolinguistique considérable dispersé de Madagascar aux îlesHawaii et recouvrant la totalité de l'Indonésie, de la Malaisie et des Philippines, la quasi-totalité de la Mélanésie et de Formose, et enfin la Micronésie...
-
CHEFFERIE
- Écrit par Henri LAVONDÈS et Jean-Claude PENRAD
- 2 929 mots
Laréflexion sur les systèmes politiques océaniens reste dominée par un retentissant article de Marshall Sahlins (1963), qui, plusieurs fois republié et devenu un classique, oppose le système dit du big man, caractéristique de la Mélanésie, où le statut de chef s'acquiert par des efforts personnels,... - Afficher les 33 références