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OCÉANIE Géographie humaine

Fragilité économique et marginalisation géopolitique

Les États et Territoires insulaires du Pacifique comportent, pour la plupart d'entre eux, des facteurs de faiblesse qui font parfois s'interroger sur leur viabilité même. Certains (Nauru, Tuvalu) sont minuscules et paraissent menacés dans leur existence même par la modeste montée des eaux (atolls du Tuvalu). Presque tous sont trop petits et trop isolés pour constituer de véritables foyers de production et de consommation, et dans bien des cas, leurs ressources sont très insuffisantes pour compenser les nécessaires importations. Si la Papouasie - Nouvelle-Guinée a un commerce extérieur excédentaire, et si les Salomon approchent de l'équilibre, les autres ont un taux de couverture très déficitaire : 58 p. 100 pour la balance commerciale des Fidji ; 33 p. 100 pour le Vanuatu ; 32 p. 100 pour les Tonga ; et seulement 26 p. 100 pour la Polynésie française malgré la perle noire.

Ce déséquilibre peut être, il est vrai, compensé en partie par des activités de service comme le tourisme, l'attrait de paradis fiscal (îles Cook, Nauru) ou l'importance du rôle stratégique : Guam abrite ainsi 25 000 militaires américains, et les Hawaii 60 000, plus 60 000 membres de leurs familles dans l'énorme complexe d'Oahu centré sur Pearl Harbor, ce qui représente un apport annuel de plus de 3 milliards de dollars à l'économie de l'archipel. En Polynésie française, le centre d'expérimentation du Pacifique ( Mururoa) a été l'un des grands pourvoyeurs de l'économie du territoire jusqu'à la décision du 7 avril 1992 d'interrompre les essais nucléaires, temporairement repris en 1995 et définitivement soldés en 1996 au prix d'une longue et coûteuse indemnisation accordée par l'État français au territoire.

Enfin, les économies insulaires sont pour la plupart très largement soutenues par des aides ou transferts extérieurs. C'est vrai des entités rattachées à une grande puissance : les transferts représentent ainsi environ 80 p. 100 du P.N.B. des Samoa américaines, 70 p. 100 de celui de la Polynésie française, 50 p. 100 de celui de la Nouvelle-Calédonie. Mais des États « indépendants » n'échappent pas à cette dépendance : les aides, qu'elles proviennent d'organismes internationaux (F.A.O., Banque mondiale, Union européenne, Asian Development Bank) ou d'accords bilatéraux avec d'anciennes puissances colonisatrices ou de grandes puissances « régionales », comptent pour une part appréciable du P.N.B. du Vanuatu comme des Samoa. Il s'y ajoute parfois les transferts de fonds effectués par des émigrants installés outre-mer : les Samoa reçoivent ainsi 25 p. 100 de leur P.N.B. des communautés samoanes établies en Nouvelle-Zélande ou aux États-Unis, et les îles Cook ou encore le T.O.M. de Wallis-et-Futuna bénéficient d'importants apports de ce type (Wallisiens installés en Nouvelle-Calédonie).

Au total, ces petites entités insulaires jouissent donc de soutiens internationaux en proportion beaucoup plus importants que les États continentaux en développement. Cela est dû à leur petite taille qui permet des actions efficaces à des coûts limités, et aussi à leur position stratégique qui leur a valu une attention toute particulière de la part des grandes puissances riveraines du Pacifique, et leur a permis parfois de pratiquer une politique de surenchère vis-à-vis des éventuels fournisseurs d'aide.

Il est vrai que, depuis l'effondrement de l'U.R.S.S et l'affaiblissement de la compétition géopolitique qui en a résulté, l'intérêt stratégique de ces petits mondes insulaires a sensiblement diminué et qu'ils risquent ainsi de se retrouver quelque peu marginalisés face aux nouvelles concurrences de style plus économique que militaire qui se développent dans le bassin pacifique.[...]

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