OCÉANIE Géologie
La zone mélanésienne interne
La Nouvelle-Calédonie
Deux faits géologiques font de la Nouvelle-Calédonie l'une des îles les plus intéressantes du sud-ouest du Pacifique : une colonne lithostratigraphique comprenant tous les termes du Permien à l'Actuel, exception faite du Crétacé inférieur et moyen, dont la lacune est due à une phase orogénique majeure postjurassique et antésénonienne ; des affleurements d'ultrabasites parmi les plus vastes du monde, dont l'altération en latérite, développée dès le Miocène, a donné des gisements de nickel d'une grande importance économique (8,5 p. 100 de la production mondiale en 1986).
De récents travaux ont montré que, si un paléoclimat tropical était à l'origine de la concentration relative d'hydroxydes de nickel dans les niveaux latéritiques, le climat subtropical actuel était plus particulièrement responsable de la richesse minière de la Nouvelle-Calédonie, car il est à l'origine du développement important, à la base des profils d'altération, des minerais silicatés de type garniéritique.
Les terrains les plus anciens, plissés et métamorphisés, constituant le noyau axial de l'île (massifs de Ouango-Netchaot et de Boghen), sont antépermiens, sans qu'une datation plus précise puisse leur être attribuée. Leur faciès est celui d'un environnement de fosse océanique : volcanisme sous-marin basaltique, volcanoclastites et sédiments terrigènes fins.
Les premiers terrains datés apparaissent au Permien-Trias inférieur. Ils sont représentés sur la côte ouest par un volcanisme acide et intermédiaire avec des formations sédimentaires épicontinentales probablement situées en bordure d'une terre émergée. À l'est, au contraire, dans la chaîne centrale, un volcanisme peu différencié et la présence de sédiments remaniés très fins paraissent indiquer que la terre émergée était lointaine : cette série se trouvait sans doute au large d'un système d'arc volcanique situé à l'ouest. Au-dessus de ces formations volcaniques apparaît une formation silto-gréseuse azoïque.
L'ensemble qui s'étend du Trias moyen au Jurassique supérieur constitue l'une des unités lithostratigraphiques majeures. Cette unité est subdivisée en trois séquences qui se retrouvent aussi bien sur la côte ouest que dans la chaîne centrale : la première va du Trias moyen au Trias terminal et la seconde du Lias au Dogger ; une lacune du Callovien au Kimméridgien correspond à des mouvements précoces de l'orogenèse néo-cimmérienne ; enfin, la troisième séquence comprend le Jurassique supérieur.
Chaque séquence, à dominante volcano-sédimentaire, débute par des formations détritiques souvent grossières, et se termine fréquemment par des faciès terrigènes, la dernière comportant des formations à charbon. De manière générale, les faciès plus détritiques et les ravinements locaux qui existent dans les trois séquences vers l'ouest témoignent de l'instabilité de cette zone et de la présence, au moins sporadique, d'une terre émergée occidentale.
Pendant le Crétacé inférieur, l'orogenèse néo-cimmérienne est à l'origine de l'émersion de l'ensemble de la région. Elle s'est traduite par un plissement accompagné d'un métamorphisme léger dans le faciès des schistes verts à prehnite et pumpellyite. Les plis, droits ou déversés vers le sud-ouest, ont une direction de 1000 à 1200 E. Un système de grandes fractures décrochantes se met en place, dont l'important « accident ouest-calédonien ». Enfin, les massifs plutono-volcaniques de la chaîne centrale (Pocquereux, Koh, etc.) ont surgi au cours de ces déformations. Cette orogenèse est connue en Nouvelle-Zélande sous le nom de « Rangitata ». Elle peut être mise en relation avec l'ouverture de la mer de Tasman.
Les[...]
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Écrit par
- Michel RABINOVITCH : ingénieur géologue
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