OCÉANIE Histoire
Les îles de l'Océanie, du fait de leur situation « au bout du monde » par rapport à l'Europe d'où sont venus les découvreurs, du fait aussi de leur isolement dans des immensités maritimes qui occupent près du tiers de la surface du globe, ont été les dernières terres atteintes et colonisées par mer. Sauf Guam et quelques îles de Micronésie où les Espagnols étaient présents dès la fin du xvie siècle, ce n'est que dans le dernier tiers du xviiie siècle que les terres d'Océanie ont été vraiment intégrées à l'œkoumène. La surprise pour les navigateurs européens, c'est que, si isolées qu'elles fussent (île de Pâques ou Hawaii par exemple), elles étaient toutes occupées par des sociétés indigènes qui laissèrent souvent une impression inoubliable à ceux qui les découvraient, au point que les « îles des mers du Sud » ont continué à évoquer jusqu'à nos jours une sorte de retour au paradis perdu.
Dès les premiers contacts, qu'ils aient été brutaux ou idylliques, entre les insulaires et ceux qui venaient d'un monde lointain et techniquement supérieur s'amorcèrent dans les différentes îles de profondes transformations conduisant à une large gamme de contrastes. Alors que certaines îles voyaient se développer une économie nouvelle fondée sur les plantations ou les mines et affluer des masses d'immigrants blancs ou asiatiques qui parfois submergeaient les autochtones, d'autres au contraire restaient un peu en marge et parvenaient à conserver pour l'essentiel la primauté des populations indigènes et des genres de vie traditionnels. Partagés au xixe siècle entre les diverses puissances coloniales, îles et archipels du Pacifique ont connu, après le grand choc de la Seconde Guerre mondiale, des évolutions divergentes qui ont accentué la diversité des situations non seulement politiques mais aussi économiques. Si bon nombre d'entre eux sont devenus des États indépendants, souvent trop petits pour ne pas avoir besoin d'un soutien constant par exemple de l'ancienne puissance de tutelle, d'autres se sont orientés vers une large autonomie au sein d'un ensemble plus vaste (T.O.M. français) ou parfois même se sont totalement intégrés au sein d'une grande nation (Hawaii, 50e État des États-Unis).
Les Européens au contact des îles du Pacifique
La présence de groupes indigènes dans la totalité des îles et archipels de quelque importance est une originalité du monde Pacifique par rapport à l'océan Indien ou à l'Atlantique où, rappelons-le, les Mascareignes et les Seychelles, dans l'un, les Açores et Madère, dans l'autre, étaient inhabitées à l'arrivée des Européens. Certes, le problème du contact s'est posé en termes très différents suivant les archipels, en fonction de la nature plus ou moins belliqueuse des autochtones, de la structure de leur société, de leurs croyances religieuses et aussi bien sûr de leur densité, beaucoup plus forte en général dans le monde polynésien que dans les grandes terres mélanésiennes où l'occupation humaine était plus discontinue. Le type de contact était aussi fonction des Européens eux-mêmes, de ce qu'ils venaient chercher dans les îles et du temps qu'ils y restaient. En fait, les Européens que l'on rencontre dans le Pacifique au xixe siècle par exemple appartenaient à des catégories très variées, mais nombre d'entre eux étaient de fortes personnalités qui marquèrent profondément l'histoire de ces microcosmes qu'étaient les îles.
Aventuriers et trafiquants
Immédiatement après les découvreurs, qui en général ne firent que passer dans les îles, apparurent des aventuriers et des trafiquants au premier rang desquels figuraient les matelots désertant des navires de passage : ils furent souvent bien accueillis par les indigènes[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Christian HUETZ DE LEMPS : professeur, directeur de l'UFR de géographie, université de Paris-IV-Sorbonne
Classification
Média
Autres références
-
ASIE (Géographie humaine et régionale) - Espaces et sociétés
- Écrit par Philippe PELLETIER
- 23 142 mots
- 4 médias
...d'archipels qui ourlent la façade pacifique des terres continentales asiatiques. Mais elle n'est pas sans complexités car l'Asie est en contact avec les pays de l'Océanie, dont les possessions américaines (les Mariannes par exemple). Le peuplement historique de la Micronésie, de la Mélanésie et de la Polynésie... -
AUSTRALIE
- Écrit par Benoît ANTHEAUME , Jean BOISSIÈRE , Bastien BOSA , Vanessa CASTEJON , Encyclopædia Universalis , Harold James FRITH , Yves FUCHS , Alain HUETZ DE LEMPS , Isabelle MERLE et Xavier PONS
- 27 355 mots
- 29 médias
Pays massif, l'Australie oscille entre deux qualificatifs : est-elle la plus grande île de la planète ou son plus petit continent ? Elle représente 85 % des terres émergées de l'Océanie, immense continent maritime. -
AUSTRONÉSIENS
- Écrit par Jean-Paul LATOUCHE
- 919 mots
Pris dans un sens strict, les Austronésiens forment un groupe ethnolinguistique considérable dispersé de Madagascar aux îlesHawaii et recouvrant la totalité de l'Indonésie, de la Malaisie et des Philippines, la quasi-totalité de la Mélanésie et de Formose, et enfin la Micronésie...
-
CHEFFERIE
- Écrit par Henri LAVONDÈS et Jean-Claude PENRAD
- 2 929 mots
Laréflexion sur les systèmes politiques océaniens reste dominée par un retentissant article de Marshall Sahlins (1963), qui, plusieurs fois republié et devenu un classique, oppose le système dit du big man, caractéristique de la Mélanésie, où le statut de chef s'acquiert par des efforts personnels,... - Afficher les 33 références