Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

OCÉANIE Les arts

Île de Pâques

Quelles que soient les réussites présentées par l'adaptation de la sculpture de l'île de Pâques aux matériaux dont elle disposait – branches incurvées de toromiro, seule plante arborée de l'île, bois de flottage, tuf volcanique –, il reste que la liste exhaustive des pièces se clôt aisément et que les unes se différencient des autres plus par les qualités techniques de leur travail que par une innovation artistique particulière. Depuis un siècle, cet art s'est affadi peu à peu, quand sont revenus les insulaires déportés par la force aux mines de potasse péruviennes, jusqu'à devenir en partie la copie habile d'illustrations d'ouvrages consacrés à l'archéologie sud-américaine, de façon à donner aux amateurs de mystère la marchandise même qu'ils attendaient.

Tête de <em>moai</em> - crédits : J. Kraft/ Shutterstock

Tête de moai

La production artistique de l'île de Pâques comprend : des ornements pectoraux en croissant portant à leurs pointes une tête humaine ; d'autres, décorés d'hommes à tête d'oiseau ou de lézard ; des bâtons allongés à section ovale et à poignée sculptée d'un visage humain ; des statuettes masculines et féminines, caractérisées par leurs orbites creusées et des corps où la peau est plaquée sur des os apparents. On a contesté l'interprétation médicale des caractéristiques présentées en particulier par les statuettes masculines dites moai kavakava, jusqu'à ce qu'on se rende compte de l'état auquel pouvait être réduite la population d'une île dépourvue de cours d'eau si une sécheresse prolongée anéantissait les récoltes de patates douces et détruisait les plantes de cueillette. Qu'on se reporte aux visions hallucinantes du degré de résistance humaine présenté par les rescapés des camps de concentration.

On notera que toutes ces œuvres, soigneusement enveloppées de pièces de tapa et conservées à l'abri la plus grande partie de l'année, présentées en public à de rares occasions cérémonielles, sont normalement dépourvues de patine et ont l'apparence du neuf, à moins qu'elles n'aient été, aussi consciencieusement qu'abusivement, cirées par des générations de maîtresses de maison européennes.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur au Muséum national d'histoire naturelle, directeur du laboratoire d'ethnologie, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses : religions de l'Océanie)

Classification

Médias

Océanie : aires stylistiques - crédits : Encyclopædia Universalis France

Océanie : aires stylistiques

Tête de <em>moai</em> - crédits : J. Kraft/ Shutterstock

Tête de moai

Autres références

  • ASIE (Géographie humaine et régionale) - Espaces et sociétés

    • Écrit par
    • 23 142 mots
    • 4 médias
    ...d'archipels qui ourlent la façade pacifique des terres continentales asiatiques. Mais elle n'est pas sans complexités car l'Asie est en contact avec les pays de l'Océanie, dont les possessions américaines (les Mariannes par exemple). Le peuplement historique de la Micronésie, de la Mélanésie et de la Polynésie...
  • AUSTRALIE

    • Écrit par , , , , , , , , et
    • 27 355 mots
    • 29 médias
    Pays massif, l'Australie oscille entre deux qualificatifs : est-elle la plus grande île de la planète ou son plus petit continent ? Elle représente 85 % des terres émergées de l'Océanie, immense continent maritime.
  • AUSTRONÉSIENS

    • Écrit par
    • 919 mots

    Pris dans un sens strict, les Austronésiens forment un groupe ethnolinguistique considérable dispersé de Madagascar aux îlesHawaii et recouvrant la totalité de l'Indonésie, de la Malaisie et des Philippines, la quasi-totalité de la Mélanésie et de Formose, et enfin la Micronésie...

  • CHEFFERIE

    • Écrit par et
    • 2 929 mots
    Laréflexion sur les systèmes politiques océaniens reste dominée par un retentissant article de Marshall Sahlins (1963), qui, plusieurs fois republié et devenu un classique, oppose le système dit du big man, caractéristique de la Mélanésie, où le statut de chef s'acquiert par des efforts personnels,...
  • Afficher les 33 références