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OCÉANIE Les langues

Langues austronésiennes

Les langues austronésiennes d'Océanie peuvent être envisagées en reprenant les divisions ethnographiques traditionnelles : Polynésie, Micronésie, Mélanésie et Nouvelle-Guinée.

La Polynésie

À l'intérieur du triangle polynésien délimité par la Nouvelle-Zélande, Hawaii et l'île de Pâques, on dénombre une quinzaine de langues désignées par le nom de l'île ou du groupe d'îles qu'elles occupent : Tonga, Niue (Nioué), Samoa, Uvéa, Futuna, Tuvalu, Tokelau, dialectes des îles Cook et de la Polynésie française (Tahiti, Mangaréva, îles Australes, Tuamotu et Marquises). Certaines de ces langues (samoan, maori de Nouvelle-Zélande) sont parlées par des communautés d'au moins 100 000 personnes ou, comme le tahitien, ont connu une certaine expansion. Par contre, le hawaiien ne compte plus que quelques centaines de locuteurs. Bien que disséminées sur la plus vaste subdivision de l'Océanie, ces langues forment l'ensemble le moins différencié et sont parmi les mieux connues du Pacifique. La Polynésie est donc une unité géographique et linguistique, mais d'autres petites communautés de langue polynésienne sont attestées hors de cette région (les outliers).

La Micronésie

En Micronésie par exemple, les langues de Kapingamarangi et de Nukuoro doivent être rattachées au groupe précédent, alors que celle des îles Palau (Carolines) et le chamorro des Mariannes appartiennent à l'austronésien occidental. À côté des Palau, la langue des îles Yap, comme celle de Nauru à l'est, est supposée appartenir au micronésien proprement dit. Celui-ci comprend la langue des îles Marshall, Kiribati, Kusaie, Pohnpei, Truk et les autres dialectes des Carolines regroupés en deux langues ; soit sept ou neuf langues parlées par environ 100 000 personnes et qui, surtout hors des Carolines, sont nettement plus diversifiées que les langues polynésiennes. Le micronésien est une unité linguistique dont toutes les langues de Micronésie ne font pas partie.

La Mélanésie

La Mélanésie ne doit pas être mise sur le même plan que les deux régions précédentes. Avec les langues austronésiennes de Papouasie et des côtes de Nouvelle-Guinée orientale, elle regroupe l'essentiel du stock linguistique océanien. Outre les langues non austronésiennes mentionnées ci-dessus et quatorze outliers polynésiens, on y dénombre environ deux cent cinquante langues dont l'homogénéité n'approche pas, même de loin, celle des groupes polynésiens ou micronésiens. En plus des dialectes de Fiji (Fidji) et de Rotuma à l'est, on compte une trentaine de langues en Nouvelle-Calédonie et aux Loyauté, soixante au Vanuatu, environ quinze pour chaque grande île ou groupe linguistique des Salomon : Guadalcanal et Florida, Malaita et San Cristobal, Santa Isabel, Nouvelle-Géorgie, Choiseul, Bougainville ; enfin à peu près vingt-cinq sur chacune des grandes îles proches de la Nouvelle-Guinée : la Nouvelle-Bretagne, la Nouvelle-Irlande et les îles de l'Amirauté.

Sauf aux Fiji, ces langues sont parlées par de petites communautés de quelques centaines ou milliers de personnes soumises depuis longtemps à l'influence européenne. On constate un peu partout leur recul devant le pidgin anglo-mélanésien, devant une forme locale de français ou d'anglais, ou face à une langue autochtone à laquelle les hasards de l'évangélisation ont apporté un certain rayonnement (par exemple le kuanua, ou tuna, parlé en Nouvelle-Bretagne et en Nouvelle-Irlande). La tendance générale est à l'appauvrissement culturel et linguistique, à la simplification de la carte par effacement des divergences dialectales ou extinction des langues. Au moins doit-on aux missionnaires catholiques et protestants l'essentiel de la documentation dont on dispose. En plus des traductions de textes religieux, ils ont apporté des esquisses grammaticales[...]

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