Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

OCÉANIE Préhistoire et archéologie

Les données de l'anthropologie physique

Les variations observées dans l'aspect physique des Océaniens conduisirent à de nombreuses hypothèses. La plus générale tendait à considérer les Mélanésiens comme appartenant à une race indépendante, mélanoderme et dolichocéphale, et subdivisée en plusieurs sous-races dont l'une s'apparentait aux Australiens, une autre aux Pygmées, alors qu'une autre était dite « papou-sémite ». La Mélanésie insulaire aurait été peuplée par au moins deux races successives : celle des Mélanésiens aux traits archaïques d'abord, puis celle d'hommes à la peau plus claire. Pour d'autres, l'ordre de succession est inversé. C'est que l'on considérait, jadis, les caractères anatomiques mesurables comme plus durables qu'ils ne le sont en vérité. Il suffisait donc de reconnaître, ici et là, un ensemble de traits plus ou moins identiques pour affirmer une commune origine, quitte à multiplier les flèches de migrations sur les cartes. On sait aujourd'hui que ces caractères évoluent relativement vite en fonction des modifications du milieu écologique, des habitudes alimentaires, voire des comportements sociaux en général, en fonction, encore, de la plus ou moins grande résistance aux germes pathogènes. On peut seulement penser que les Mélanésiens appartiennent à un même phénotype que celui des populations préhistoriques qui occupèrent le sud-est de l'Asie et qui peuplèrent la Nouvelle-Guinée, l'Australie et la Tasmanie, phénotype depuis longtemps diversifié, et qui a continué à se diversifier jusqu'à nos jours en Mélanésie, pour les raisons déjà invoquées et sous l'influence des Océaniens non Mélanésiens : Micronésiens et Polynésiens. L'origine raciale de ces derniers n'a pas fait l'objet de moins d'hypothèses : xanthodermes (de peau jaune) appartenant à des races différentes mais mélangées, ils auraient même pu être leucodermes à l'origine, c'est-à-dire Aïnous. Cette commune origine raciale des Océaniens « leucodermes » et des Aïnous est une hypothèse vaine car indémontrable. Leurs ancêtres communs, s'ils ont jamais existé, s'étaient différenciés depuis tant de millénaires qu'on ne pourrait retrouver leurs traces dans l'aspect physique de leurs descendants. L'appartenance raciale des Micronésiens et des Polynésiens est sans doute aussi complexe que celle des Mélanésiens. On peut espérer quelques éclaircissements d'études hémotypologiques qui ne font que débuter (en ce qui concerne l'ADN), mais non la solution entière du problème. On pourra ainsi évaluer seulement des distances de parenté entre les diverses populations océaniennes et asiatiques, et il serait illusoire d'imaginer que l'on puisse retrouver, en Asie, les homologues de ceux qui sont devenus tels qu'ils sont, dans les îles du Pacifique.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

Classification

Média

Océanie : préhistoire - crédits : Encyclopædia Universalis France

Océanie : préhistoire

Autres références

  • ASIE (Géographie humaine et régionale) - Espaces et sociétés

    • Écrit par
    • 23 142 mots
    • 4 médias
    ...d'archipels qui ourlent la façade pacifique des terres continentales asiatiques. Mais elle n'est pas sans complexités car l'Asie est en contact avec les pays de l'Océanie, dont les possessions américaines (les Mariannes par exemple). Le peuplement historique de la Micronésie, de la Mélanésie et de la Polynésie...
  • AUSTRALIE

    • Écrit par , , , , , , , , et
    • 27 355 mots
    • 29 médias
    Pays massif, l'Australie oscille entre deux qualificatifs : est-elle la plus grande île de la planète ou son plus petit continent ? Elle représente 85 % des terres émergées de l'Océanie, immense continent maritime.
  • AUSTRONÉSIENS

    • Écrit par
    • 919 mots

    Pris dans un sens strict, les Austronésiens forment un groupe ethnolinguistique considérable dispersé de Madagascar aux îlesHawaii et recouvrant la totalité de l'Indonésie, de la Malaisie et des Philippines, la quasi-totalité de la Mélanésie et de Formose, et enfin la Micronésie...

  • CHEFFERIE

    • Écrit par et
    • 2 929 mots
    Laréflexion sur les systèmes politiques océaniens reste dominée par un retentissant article de Marshall Sahlins (1963), qui, plusieurs fois republié et devenu un classique, oppose le système dit du big man, caractéristique de la Mélanésie, où le statut de chef s'acquiert par des efforts personnels,...
  • Afficher les 33 références