OCÉANIE Préhistoire et archéologie
La Polynésie orientale
Dans les premiers siècles de notre ère, des Polynésiens occidentaux quittent leurs îles et se dirigent vers l'est. Bien que nous n'en ayons pas de preuve archéologique, il est probable qu'ils s'installèrent d'abord dans le nord de l'archipel des Cook et dans le sud des îles de la Ligne. Mais ces atolls aux maigres ressources ne pouvaient abriter une population trop nombreuse. Certains durent s'exiler, aller encore plus loin vers l'est pour trouver des îles hautes non encore habitées. Selon la tradition orale, ce furent les îles de la Société qui furent les premières colonisées et qui devinrent l'Hawaiki (le pays d'origine) des autres Polynésiens orientaux. Cependant, c'est aux îles Marquises que furent mis au jour les sites les plus anciens, datés du iiie siècle de notre ère. Le mobilier recueilli y est très comparable à ce que l'on trouve aux Samoa et aux Tonga. On a même découvert quelques tessons de poterie dont l'analyse pétrographique a démontré leur origine fidjienne. Il s'agissait sans doute d'une sorte de souvenir emporté par ces premiers colons, car l'art céramique (la poterie lapita) n'était alors plus pratiquée aux Samoa et aux Tonga.
Les îles Marquises (ou les îles de la Société), devinrent quelques siècles plus tard un nouveau centre de dispersion. À cette époque, la culture matérielle avait évolué sous l'influence probable d'éléments extérieurs à la Mélanésie et à la Polynésie occidentale où ils étaient inconnus : nombreux types d'herminettes à épaulement, hameçons divers, têtes de harpons en os, etc., tous présents en Asie, au Japon ou sur les rives nord du Pacifique. C'est cette culture matérielle que les émigrants de la Polynésie centrale importèrent dans leurs nouveaux habitats entre 400 et 800 de notre ère : les îles Hawaii, l' île de Pâques et la Nouvelle-Zélande. Au viiie siècle, l'ensemble de la Polynésie orientale était colonisé. Chaque ensemble insulaire évolua dans un isolement relatif, en fonction des exigences d'adaptation au milieu naturel nouvellement colonisé, et aussi pour affirmer sa cohésion et son identité culturelle par rapport aux sociétés voisines.
Le milieu tropical de la Polynésie centrale, aux îles pour la plupart dotées de lagons poissonneux (sauf les Marquises), offrait les meilleures conditions d'existence. Dans les atolls des Tuamotu et des Gambier, la survie était plus difficile, mais ces obstacles assuraient une sorte d'équilibre démographique pour les îles hautes, beaucoup plus riches mais de faible étendue. Les Marquisiens développèrent l'art de la sculpture sur bois, sur pierre et l'art monumental qui devaient être à l'origine de l'étonnant art pascuan. Les populations des îles de la Société et des archipels voisins préféraient s'exprimer sur des matériaux moins durables, tout en ne négligeant pas le travail du bois ni celui de la pierre. Vers le xive siècle l'évolution des structures sociales et religieuses y donna naissance à des monuments particuliers : les marae, dérivés des anciennes structures cultuelles de la Polynésie. Une cour rectangulaire parfois pavée, en terrasse si la pente du terrain l'exigeait, quelquefois enclose d'un mur, était réservée aux réunions tenues entre vivants (chefs civils et religieux) et dieux et ancêtres. Ceux-ci étaient appelés à siéger sur une plate-forme lithique dressée à l'une des extrémités de la cour. Ces monuments étaient terriblement tabous, et certains en redoutent encore aujourd'hui les ruines. À la suite de l'exode probable d'une chefferie tahitienne, ces structures furent introduites aux îles Hawaii, archipel plus frais que les îles tropicales et qui offrait néanmoins des espaces suffisants pour qu'un accroissement[...]
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Écrit par
- José GARANGER : professeur émérite à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
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