- 1. Un océan mondial
- 2. Vers une connaissance scientifique de l’océan mondial
- 3. Naissance de l’océanographie
- 4. Une océanographie française
- 5. Des idées nouvelles, des moyens nouveaux
- 6. Un océan profond, des plaques en mouvement
- 7. Des océans froids et salés
- 8. Des eaux en mouvement permanent
- 9. Des populations marines variées
- 10. Des perspectives de recherche
- 11. Bibliographie
OCÉANOGRAPHIE
Des populations marines variées
La vie est présente dans la totalité des océans, depuis la surface jusqu’aux plus grandes profondeurs, offrant des populations marines riches, variées et complexes. En fonction de la relation que les êtres vivants entretiennent ou non avec le fond océanique, on distingue deux domaines.
Le domaine pélagique est celui de la pleine eau au sein de laquelle vivent des populations végétales et animales – dont l'ensemble a reçu le nom de « pélagos » – qui n’ont aucun rapport avec le fond des océans. Ces populations pélagiques ne sont pas distribuées de façon homogène dans la colonne d’eau qui est en permanence en mouvement. Elles sont structurées dans l'espace et leur organisation et leur distribution dépendent de la température, la salinité, l’éclairement, la nourriture, les courants, etc. Les organismes vivant dans ce milieu pélagique constituent deux ensembles : ceux qui nagent activement forment le necton (mammifères marins, poissons, calmars, grandes crevettes…) ; ceux qui flottent dans l'eau, soumis aux courants et avec des mouvements horizontaux réduits par rapport à la masse d'eau dans laquelle ils vivent forment le plancton, organismes généralement de petite à très petite taille, rarement de grande taille (méduses par exemple). Le plancton végétal, ou phytoplancton, est composé essentiellement par les algues unicellulaires ; le plancton animal, ou zooplancton, est dominé par les petits crustacés. Un très grand nombre d’espèces planctoniques de la zone euphotique effectuent une migration journalière verticale, parfois de plusieurs centaines de mètres, qui les rapproche la nuit de la surface pour se nourrir.
Le domaine benthique est celui des organismes qui vivent sur le fond des océans – quelle que soit sa profondeur – près du fond ou dans les sédiments qui le recouvrent. Formant le benthos, ces organismes sont représentés par les algues du littoral et par les animaux vivant du littoral aux grandes profondeurs. Les bactéries sont très abondantes dans tout l’océan mondial, vivant sur le fond et dans la colonne d’eau. Elles constituent l'un des agents principaux du cycle de la matière organique dans l'océan mondial.
Les eaux superficielles du plateau continental ou de la haute mer, de quelques mètres à quelques dizaines de mètres de profondeur, sont celles dans lesquelles pénètre la partie non réfléchie de la lumière solaire (définissant la zone dite euphotique) dont l’intensité doit être suffisante pour permettre la photosynthèse des algues (benthiques et pélagiques), à l’origine de la production primaire. Plus ou moins riches en sels nutritifs (nitrates, phosphates, silicates…), elles sont soumises aux variations saisonnières, à la dynamique des courants et, sur le littoral, aux marées. Elles renferment la grande majorité de la biomasse marine végétale et animale.
Les eaux des profondeurs océaniques occupent 93 p. 100 de l’espace marin, constituant un énorme écosystème dont les populations sont variées et hétérogènes. Un certain nombre de caractères les distinguent de celles des eaux superficielles :
– elles sont obscures (zones dites aphotiques, la lumière ne pénétrant pas dans ces milieux) ;
– elles s’étendent depuis la rupture de pente marquant la limite entre plateau continental et talus continental, à 200 mètres de profondeur, jusqu’au fond des fosses océaniques, à près de 11 000 mètres ; à l’exception du talus et des dorsales, leur fond est recouvert de sédiments ;
– leur température est basse et constante, de l’ordre de 1,5 0C à – 2 0C (sauf en Méditerranée et en mer Rouge, les deux mers où les zones profondes ne sont pas froides, la température y étant, respectivement, de 13 0C et 21,6 0C) ;
– les courants y sont lents.
Dans ces eaux profondes, toutes les ressources alimentaires (sauf[...]
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Écrit par
- Patrick GEISTDOERFER : directeur de recherche au CNRS, océanographe, membre de l'Académie de marine
Classification
Médias