Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

OCI (Organisation communiste internationaliste)

Organisation trotskiste (dont les militants sont parfois nommés, du nom de leur leader, Pierre Boussel, alias Lambert, « lambertistes »), l'O.C.I. a pour origine une scission au sein de la IVe Internationale (1952). L'O.C.I. va inspirer l'action des Comités d'alliance ouvrière (C.A.O.), organisations ouvrières dont l'organe est Informations ouvrières ; de l'Alliance des jeunes pour le socialisme (A.J.S.), dont l'organe est Jeune Révolutionnaire ; de l'U.N.E.F.-A.J.S., créée après la scission intervenue au sein de l'Union nationale des étudiants de France en 1971 ; de la tendance Front unique ouvrier (F.U.O.), agissant dans les syndicats enseignants de la Fédération de l'Éducation nationale. Au sein de la IVe Internationale, la scission de 1952 intervint à propos de la tactique dite de l'entrisme. La guerre froide et la division du monde en deux blocs avaient amené la majorité du IIIe congrès de la IVe Internationale, en 1951, à recommander à ses sections nationales l'entrée dans les organisations ouvrières, communistes et socialistes : pour elle, en effet, dans l'éventualité d'une nouvelle guerre mondiale, les leaders de la lutte anti-impérialiste seraient les directions staliniennes (liées à l'U.R.S.S.) et réformistes qui garderaient encore le contrôle de l'immense majorité de la classe ouvrière internationale. Cette tactique, élaborée en particulier par le secrétaire de l'Internationale, Michel Raptis, dit Pablo, fut violemment dénoncée par la majorité de la section française, le Parti communiste internationaliste (P.C.I.), qui vit là une abdication devant les partis staliniens et une liquidation des acquis du mouvement trotskiste. En 1953, la scission française se transforma en scission de la IVe Internationale tout entière.

Au début de 1955, la direction politique du P.C.I. qui avait mené la lutte contre le « pablisme » fut éliminée par la fraction lambertiste. Les désaccords portaient sur l'appréciation du soulèvement algérien et sur la conception de la construction du parti révolutionnaire. Bientôt, cette nouvelle rupture aboutissait à la formation de l'O.C.I. qui, dès lors, se considère comme le seul parti révolutionnaire et consacre une bonne part de ses activités à la dénonciation de ceux qui ont « trahi » et trahissent encore les intérêts du mouvement ouvrier, les pablistes, complices des partis staliniens qui mènent le mouvement ouvrier à la collaboration de classe mais qui restent, eux, des organisations ouvrières, ne serait-ce que par leur implantation dans la classe ouvrière internationale. Comme les réformistes, ces derniers sont mis « au pied du mur » chaque fois qu'ils refusent le front unique que leur propose l'O.C.I. Aussi celle-ci met-elle en place une série d'organisations de masse : fractions syndicales dans la C.G.T. et surtout dans la C.G.T.-F.O. (la C.F.D.T. est curieusement, en raison de ses origines, considérée comme un syndicat « jaune ») ; création en 1961 du Comité de liaison des étudiants révolutionnaires (le C.L.E.R. et son journal Révolte) ; action de l'O.C.I. au sein des écoles normales d'instituteurs et des syndicats enseignants.

Les mouvements de libération nationale qui triomphent dans les pays coloniaux sont dénoncés par l'O.C.I. comme mouvements et régimes « bourgeois » : la victoire de Fidel Castro à Cuba, du F.L.N. en Algérie, puis l'indépendance des divers pays africains sont jugées comme autant de succès de la bourgeoisie. Pendant la guerre d'Algérie, l'O.C.I. apporte son soutien au Mouvement nationaliste algérien de Messali Hadj, le F.L.N. étant considéré comme une organisation contre-révolutionnaire. Il en va de même pour la résistance sud-vietnamienne et son organisation le F.N.L., accusé de préparer « l'étranglement de la révolution vietnamienne[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Autres références

  • LAMBERT PIERRE (1920-2008)

    • Écrit par
    • 214 mots

    Le Français Pierre Lambert a dirigé pendant plus de cinquante ans un groupe politique trotskiste.

    De son vrai nom Pierre Boussel, il est né le 9 juin 1920 à Paris et issu d'une famille pauvre d'immigrants juifs russes. D’abord militant des Jeunesses communistes, il adhère ensuite au Parti communiste...

  • STORA BENJAMIN (1950- )

    • Écrit par
    • 1 177 mots
    • 1 média

    Benjamin Stora est un historien français spécialiste de l’histoire de l’Algérie contemporaine. Son œuvre, qui compte des dizaines de livres et de films, porte essentiellement sur le nationalisme algérien, la guerre d’Algérie, puis sur leurs mémoires croisées dans la longue durée, en France...

  • TROTSKI LÉON (1879-1940) ET TROTSKISME

    • Écrit par
    • 6 984 mots
    • 6 médias
    ...regroupement des partisans de l'autogestion socialiste ; enfin, le Comité international a éclaté en autant de tronçons que de sections nationales le constituant (Organisation communiste internationale en France, Socialist Labour League en Grande-Bretagne, etc.). En France, « Lutte ouvrière », groupe non affilié...