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PINDARIQUE ODE

Nous sont parvenus quatre des dix-sept livres de poèmes pindariques recensés par Aristophane de Byzance : les Olympiques, les Pythiques, les Isthmiques, et les Néméennes, toutes « épinicies », ou odes triomphales, mais nous manquent presque toujours les indications du lyrisme choral ; parfois on ne sait établir ni traduire le texte même. Leur forme est à la fois fixe et extrêmement libre : chacune est composée de triades (strophe, antistrophe, épode), en mètres dactylo-épitritique (quatre syllabes, dont trois longues et une brève) et logaédique (dactyles et spondées), mais les membres des vers, comme les triades, sont en nombre variable, avec de fréquents rejets, même d'une strophe à l'autre. Inimitable, disait Horace ; le poète, à s'y risquer, s'y perdrait comme Dédale ; imitée à la Renaissance par Ronsard par exemple, et attaquée ou défendue lors de la querelle des Anciens et des Modernes ; engendrant une postérité plus fidèle et plus originale avec Hölderlin, et peut-être Claudel, l'ode pindarique importe, outre son caractère d'œuvre, par ce qu'elle apprend de la Grèce et de la poésie. « Aucun poète d'aujourd'hui n'accepterait les conditions dans lesquelles Pindare faisait ses poèmes : thèmes fixés d'avance avec la plus rigide sévérité ; rémunération strictement dépendante de la quantité ; obligation de la louange ; chant stéréotypé de la généalogie, de la patrie, des dieux » (« Pindare », Revue de poésie, no 40) ; mais la notion grecque de « moment opportun » (kairos), en particulier, et l'« enthousiasme » pindarique transmutent la circonstance en nécessité : l'ode n'est pas le chant facultatif qui vient « couronner » le rassemblement olympique, le jeu, la victoire, mais elle est ce sans quoi rien n'aurait lieu comme tel, et Hiéron ne serait ni Hiéron ni vainqueur.

— Barbara CASSIN

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