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DUBOC ODILE (1941-2010)

Figure marquante de la danse contemporaine française, la chorégraphe Odile Duboc, qui est décédée le 23 avril 2010 d'un cancer, a su à la fois créer une technique et la transmettre au sein du Centre chorégraphique national (C.C.N.) de Franche-Comté, à Belfort, qu'elle dirigea de 1990 à 2008.

Née le 23 juillet 1941 à Versailles, Odile Duboc prétendait avoir su danser avant de savoir marcher. Dès l'âge de quatre ans, elle prend ses premiers cours de danse classique sur la scène du théâtre d'Aix-en-Provence. Très douée mais supportant mal toute autorité, elle se tourne vite vers l'enseignement. En 1972, elle ouvre sa propre école à Aix-en-Provence, Les Ateliers de la danse, et découvre en autodidacte d'autres formes de danse. En 1973, elle est sollicitée par Jean Digne, alors co-responsable du Relais culturel d'Aix-en-Provence, pour donner des cours de jazz sur le Cours Mirabeau (un des axes principaux de la ville) lors d'une manifestation intitulée Les Saltimbanques, avec grande parade mêlant danseurs, musiciens, gens du cirque... Elle se fait connaître grâce à ses performances de rue. En 1980, elle fonde un premier groupe, La Cédille, et présente un spectacle à l'occasion du concours chorégraphique de Bagnolet Un ballet pour demain ; mais n'obtient aucun prix. L'année suivante, sa rencontre avec Françoise Michel, créatrice lumière, va définitivement infléchir le cours de sa vie avec la création de Langages clandestins, un solo en silence. Vols d'oiseaux, créé la même année pour le festival Danse d'Aix-en-Provence – qui est alors dirigé par Ginette Escoffier –, marque les esprits par sa maîtrise de l'écriture du mouvement dans l'espace, son art de composer pour un groupe. Elle fait alors des allers-retours à Paris, explore les espaces extérieurs dans des Entractes – chorégraphies ludiques in situ –, invente les Fernands (du nom de la rue Fernand-Dol où elle avait son studio), ces drôles de personnages qui, dans les rues, font surgir la poésie du quotidien par des interventions dansées inopinées destinées à un public de passants. Elle développera par la suite ce type de performances avec le C.C.N. de Belfort, comme pour La Pierre et les songes (2007) qui lui permet de rassembler trois cents amateurs à Besançon en symbiose avec le paysage.

En 1983, Odile Duboc quitte définitivement Aix-en-Provence et fonde avec Françoise Michel la compagnie Contre-Jour. Bien qu'elle élabore une pédagogie inédite et explore un rythme, une énergie et une sensibilité très personnels, elle ne connaît pas un parcours fulgurant, comme ce fut le cas des autres chorégraphes des années 1980. Son exigence discrète, la rigueur et le sérieux de son travail ne la propulsent pas d'emblée sur le devant de la scène. Pourtant, les créations se succèdent : Avis de vent d'ouest, force 5 à 6 (1984), Une heure d'antenne (1985), Détails graphiques (1987), Il est huit heures moins quatre exactement (1988). Ses danseurs s'appellent alors Mark Tompkins, Jean-François Duroure, Nathalie Collantès, Xavier Lot, Jean-Christophe Boclé... tous devenus chorégraphes depuis lors. Avec Insurrection (1989), chorégraphie pour vingt danseurs commandée pour la biennale du Val-de-Marne dans le cadre de la célébration du bicentenaire de la Révolution, elle scelle sa reconnaissance publique. Dès l'année suivante, elle est nommée directrice du tout nouveau Centre chorégraphique national de Franche-Comté à Belfort, qui n'est alors qu'un gymnase aménagé en attendant l'ouverture du bâtiment définitif en 1995. De 1990 à 2008, elle y développera son style à travers une vingtaine de pièces et formera l'essentiel des chorégraphes de la génération suivante : de Myriam Gourfink à Boris Charmatz, d'Emmanuelle Huynh à Alban Richard, de Rachid Ouramdane à Pedro Pauwels, Sylvain Prunenec, Julie Nioche, Laure[...]

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Écrit par

  • : écrivaine, journaliste dans le domaine de la danse

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