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OERTER ALFRED dit AL (1936-2007)

Al Oerter, 1956 - crédits : STAFF/ AFP/Getty Images

Al Oerter, 1956

Formidable compétiteur, l'athlète américain Al Oerter, né le 19 septembre 1936 à Astoria (État de New York), a remporté quatre titres olympiques au lancer du disque, sans jamais avoir fait figure de favori. Plusieurs générations de discoboles, de l’Italien Aldo Consoloni au Suédois Richard Bruch en passant par l’Allemand de l’Est Lothar Milde et tous les Américains (Fortune Gordien, Rink Babka, Richard Cochran, David Weill, Jay Silvester…), ont dû baisser pavillon aux jeux Olympiques, battus par Al Oerter.

Après s’être essayé en dilettante au football américain et au basket-ball, Al Oerter opte pour l’athlétisme et le lancer du disque en intégrant l’université du Kansas, où il mène de front pratique sportive de haut niveau et études de mathématiques. Il maîtrise rapidement la technique du discobole et, à vingt ans, il gagne sa sélection pour les jeux Olympiques de Melbourne, en 1956. En Australie, son compatriote Fortune Gordien, recordman du monde depuis 1953 (59,28 m), doit s'effacer devant ce quasi-débutant (56,36 m dès le premier essai du concours), alors que Gordien ne réussit que 54,81 m. En 1960, à Rome, Oerter lance le disque à 59,18 m à son cinquième essai, et l'Américain Rink Babka (58,02 m), alors co-recordman du monde avec le Polonais Edmund Piatkowski (59,91 m), s'incline lui aussi.

Oerter n’était pas un homme de record. Néanmoins, en 1962, il bat par deux fois le record du monde (61,10 m, puis 62,62 m), puis établit un nouveau record en 1964 (62,94 m). Mais ces performances sont nettement améliorées en cette même année 1964 par le Tchécoslovaque Ludvik Danek, qui réussit un jet de 64,54 m et se présente donc en favori pour le titre olympique. En outre, à Tōkyō, Al Oerter se présente blessé ; seule sa formidable fierté lui permettra de s'imposer face à Ludvik Danek, au cinquième essai (61 m), alors que Danek n'a réussi que 60,52 m.

Al Oerter a souvent mis sa carrière sportive entre parenthèses pour se consacrer à ses études puis à son métier d'ingénieur informaticien. Après ce troisième titre, il abandonne la compétition, définitivement semble-t-il. Mais le goût des Jeux est le plus fort. En 1968, la spécialité s'est trouvé un nouveau maître : l'Américain Jay Silvester, qui a porté le record du monde à 68,48 m. Le 15 octobre 1968, à Mexico, Al Oerter maîtrise mieux que ses concurrents les conditions atmosphériques : alors que l'orage gronde, il demeure le seul à s'échauffer ; un jet de 64,78 m à son quatrième essai lui donne un quatrième titre et Silvester, décontenancé, doit laisser les autres médailles à l'Allemand de l'Est Lothar Milde (63,08 m) et à Danek (62,92 m).

Après les Jeux de Mexico, Al Oerter met un terme à sa carrière. Plus de dix ans après, il reprendra l’athlétisme, afin de tenter de se qualifier pour les jeux Olympiques de Moscou, en 1980, lesquels seront en définitive boycottés par les États-Unis. Néanmoins, c’est en 1980, à quarante-quatre ans, qu’Al Oerter réussit le meilleur jet de sa longue carrière : 69,46 m.

Al Oerter s'est éteint le 1er octobre 2007 à Fort Myers (Floride), victime d’une crise cardiaque.

— Pierre LAGRUE

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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Média

Al Oerter, 1956 - crédits : STAFF/ AFP/Getty Images

Al Oerter, 1956

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