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ŒUVRE ÉCRITE ET PARLÉE (C. Akerman)

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Œuvre écrite et parlée, 1968-2015 (L’Arachnéen éd., 2024)est le titre d’un ouvrage en trois volumes édité par Cyril Béghin autour de l’œuvre de Chantal Akerman (1950-2015) considérée à travers le prisme de ses écrits, et plus largement de sa parole. Cette parution nourrit et complète une année 2024 marquée, en France, par l’édition intégrale en DVD des films disponibles de l’artiste (éd. Capricci) et une exposition rétrospective (films et installations, Chantal Akerman Travelling, Jeu de Paume).

En 2022, Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles (1975), de Chantal Akerman, est classé par la revue Sight and Sound meilleur film de tous les temps. Cette décision, inscrite dans une continuité artistique et éditoriale, prend acte de la circulation internationale de plus en plus vaste de l’œuvre d’Akerman et de son agencement très personnel, ensemble documentaire, fictionnel et autobiographique, décliné sur divers supports comme le livre, le film et l’installation ; parfois les trois confondus ou superposés.

L’œuvre en travail

Chantal Akerman l’a souvent répété : « Si je fais du cinéma, c’est parce que je n’ai pas fait le pari de l’écriture. » Et, pourtant, comme le constate Cyril Béghin, le maître d’œuvre de ce monumental ouvrage de près de 1 600 pages qui rend accessible une grande partie de ses écrits (scénarios, récits, entretiens, conférences, transcription de textes oraux), l’artiste n’a cessé d’écrire : de nombreux films sont rédigés de manière très détaillée, parfois sous une forme littéraire (ainsi du deuxième scénario de Jeanne Dielman composé à la manière du nouveau roman) qu’on retrouve dans ses grands récits – Une famille à Bruxelles (1998) et, surtout, Ma mère rit (2013).

L’artiste gérait mal ses archives. Ce n’est qu’en 2017 – deux ans après le suicide de celle-ci et année de la création de la fondation Chantal-Akerman – que Cyril Béghin, épaulé par la Cinémathèque belge (Cinematek), commence ses prospections, puis l’ouvrage prend corps sur plusieurs années.

Pour entrer dans l’univers de l’artiste, on peut commencer par lire le tome 3, un appareil critique très fouillé établi par Béghin, qui analyse l’œuvre de l’artiste en quatre mouvements : une étude du travail akermanien sous l’angle de l’écrit ; des notices détaillées sur les films, scénarios, notes d’intention explicatives qui renvoient, pour certains d’entre eux, aux textes collectés dans les volumes 2 et 3 ; une chronologie de la vie et de l’œuvre de son sujet, faisant revivre un microcosme culturel qui louvoie, de 1968 à 2015, entre Bruxelles, Paris, New York et de nombreuses autres villes, car Akerman était une grande nomade ; un répertoriage détaillé des films avec leurs dates de tournage, leur première présentation publique, leur parcours festivalier, leurs éditions en VHS ou DVD ; les installations ; enfin, un répertoire des livres, textes, entretiens quasi exhaustif, dont seul un choix est repris dans les deux précédents volumes.

Les volumes 1 (1968-1991) et 2 (1991-2015) contiennent, organisés chronologiquement, tous les textes sélectionnés, allant des quelques lignes manuscrites rédigées pour le court-métrage Saute ma ville (1968) à Lod (2015, quelques pages pour un documentaire jamais réalisé), en passant par les 77 pages des deux scénarios de Jeanne Dielman).

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