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ŒUVRES PHILOSOPHIQUES, Charles Sanders Peirce Fiche de lecture

Charles Sanders Peirce (1839-1914), fondateur du pragmatisme, est au nombre des esprits les plus originaux et inventifs des deux derniers siècles. Son œuvre, qui a donné naissance à un large courant d'idées dans le contexte américain, reste aujourd'hui présente dans la discussion philosophique contemporaine par les éclairages qu'elle continue d'apporter sur toutes sortes de questions. En dépit de l'influence qu'elle a exercée, la pensée de Peirce n'a pas bénéficié de la reconnaissance qui lui aurait permis d'occuper une position académique stable, à la hauteur de ce qu'il faut bien appeler son génie. C'est pourquoi ses œuvres sont d'abord restées, pour une large part et à l'exception d'un nombre appréciable d'articles séminaux, à l'état de manuscrits ou de fragments non publiés. Il aura fallu attendre des années avant de pouvoir réellement en mesurer l'étendue et la variété, à la lumière du travail d'édition qui a été entrepris avec les Collected Papers, dans les années 1930, puis avec l'édition chronologique de ses écrits, depuis 1982. Non seulement l'œuvre est immense, mais elle couvre un ensemble de questions et de champs de recherche extrêmement vaste, ce qui explique que certains aspects seulement aient retenu jusqu'ici l'attention, en logique, en philosophie du langage, en linguistique ou en épistémologie, plus rarement en métaphysique.

Logique, langage et pragmatisme

Sans doute en raison de son étendue et de sa richesse, l'œuvre de Peirce a donné lieu à des interprétations concurrentes, pour ne pas dire divergentes. Les premiers textes qu'il publia – ceux qui marquent le début de son activité philosophique dans les années 1860 – permettent du moins de se faire une idée claire des problèmes qui en commandent les orientations. On y trouve notamment un ensemble de réflexions sur la logique qui se démarquent du psychologisme. Le logicien, pour Peirce, a affaire aux produits de la pensée, tels qu'ils s'expriment dans des énoncés du langage. Aussi la logique doit-elle s'attacher à étudier les faits qui, au regard des conditions de vérité de nos énoncés et de la validité des arguments, sont impliqués dans la découverte de la vérité.

Dans les premiers écrits de Peirce, cette orientation se révèle solidaire d'une répudiation du cartésianisme dont on trouvera un prolongement dans les écrits des années 1870, en particulier dans « La Fixation de la croyance » et « Comment rendre nos idées claires ». Au premier rang des « erreurs » qui caractérisent l'« esprit du cartésianisme », il y a le doute. La pratique du doute, celle qui consiste à « douter de tout » relève d'une pure et simple fiction qui nous détourne de la véritable démarche scientifique, et plus précisément de ce que Peirce appellera l'« enquête », pour désigner à la fois la méthode et l'esprit dans lesquels la recherche de la vérité doit être conduite. Mais l'opposition à l'esprit du cartésianisme s'étend au-delà de la contestation du doute universel ; elle concerne également la critique de l'introspection, le rôle des signes pour la pensée et le statut de la certitude.

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