ŒUVRES POÉTIQUES, Christine de Pizan Fiche de lecture

Très appréciée en son temps, la poésie de Christine de Pizan (1365-1431) est à l'heure actuelle moins lue que ses œuvres historiques, morales et didactiques. Ne survit guère que la ballade 11 des Cent Ballades, « Seulete suy et seulete veuil estre ». Christine a pourtant laissé une œuvre poétique abondante et variée, accessible d'ensemble dans l'édition de Maurice Roy (en 3 volumes) qui reproduit pour l'essentiel le contenu et la disposition des recueils préparés par la poétesse à l'intention du duc de Berry, puis du recueil dédié à la reine Isabeau de Bavière.

L'art de la ballade

Dans le tome 1 dominent les formes fixes caractéristiques de la poésie de la fin du Moyen Âge : plus de 300 ballades et 69 rondeaux ainsi que des lais, virelais, complaintes, jeux à vendre (chaque strophe de ce jeu de société commence par « je vous vends »...). Les ballades isolées, souvent écrites avec une très grande virtuosité technique, sont pour l'essentiel des pièces de circonstance. Quant au recueil des Cent Ballades (1395-1400) qui ouvre le tome 1, il fait succéder aux pièces de « douloureux sentement » sur le thème de la mort, du veuvage, de la solitude, où transparaît la subjectivité de Christine, une suite de 50 ballades qui évoquent diverses situations amoureuses tout en fixant l'image d'une poétesse prêtant désormais sa voix à un autre « je », masculin ou féminin. Au terme ou presque de son œuvre (tome 3), élargissant aux dimensions d'un recueil la forme difficile de la « ballade avec réponse », Christine met en dialogue dans les Cent Ballades d'amant et de dame (1410) la difficile relation d'une dame et de celui qui deviendra son amant, le lai final (Lay de dame) annonçant la mort désespérée de la dame trahie.