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KŌRIN OGATA (1658-1716)

Une carrière tardive

Entre 1699 et 1701, Kōrin décora, à la demande de son frère Kenzan, les poteries créées par ce dernier. Mais il devait déjà être apprécié puisqu'il reçut, en 1701, le titre honorifique d'hōkkyō, que portent la plupart de ses peintures. Selon le professeur Yamane Yuzō, deux œuvres peuvent être attribuées à une époque antérieure. Une peinture à l'encre récemment retrouvée montre Hōtei, l'un des sept dieux du Bonheur, jouant à la balle au pied (kemari, sorte de football en honneur à la cour, dès l'époque Heian). La composition très simple est dominée par une succession de cercles depuis le ballon, haut dans les airs, en passant par le personnage à la tête et aux épaules arrondies, à l'énorme bedaine, jusqu'à la besace gonflée qu'il a posée à terre pour être plus libre de ses mouvements. Cette œuvre, traitée au lavis, avec un pinceau déjà empreint d'autorité, manifeste la tendance à l'abstraction si caractéristique de l'artiste. L'on sait, depuis la publication en 1964 des documents longtemps conservés par la famille Konishi, héritière du maître, que ces qualités d'abstraction sont le fruit d'un travail acharné. Études de fleurs et d'animaux, surtout d'oiseaux, dessinés d'après nature avec une grande conscience et d'où se dégagent peu à peu les traits essentiels, y voisinent avec des motifs plus décoratifs, destinés à des éventails (dont on connaît plusieurs exemples), à des kimono, à des poteries ou à des laques pour lesquels, comme Kōetsu, Kōrin créa de nombreux décors qu'utilisèrent les artisans en maki-e (laques rehaussés de poudre d'or). On remarque aussi dans cette première œuvre un humour exprimé dans la forme et que l'on retrouve dans le Yuima (Vimalakirti), comme dans l'image de Narihira qui orne l'écritoire du musée Nezu à Tōkyō.

Dès ce moment se révèle l'influence de Sōtatsu – ou plutôt celle de Sōsetsu, qui perpétuait avec moins de vigueur le style de son père – dans le paravent d'Herbes et fleurs d'automne. Cette œuvre annonce les fameux paravents aux Iris (musée Nezu), couronnement de cette période de formation, dans lesquels huit bouquets d'iris se répètent sur le fond d'or, variant seulement par leur emplacement plus ou moins élevé dans la composition.

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Écrit par

  • : ancien maître de recherche au CNRS, professeure honoraire à l'École du Louvre, chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet

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