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KŌRIN OGATA (1658-1716)

Un séjour à Edo (1704-1707)

En 1704, Kōrin suivit à Edo son ami Nakamura Kuranosuke, qui venait travailler à la Ginza (fonderie des monnaies shōgunales) et dont il a laissé un très beau portrait (au Yamato Bunkakan) dans le style traditionnel des Tosa.

De 1705 date le rouleau des Fleurs des quatre saisons, aux couleurs légères et délicates, dont le traitement moins appuyé semble annoncer un changement de style et une compréhension plus intime de l'art de Sōtatsu.

Employé par les seigneurs Sakai, il dut, pour les satisfaire, en revenir au style des Kanō, et les Azalées blanches et roses (collection Hatakeyama, Tōkyō), peinture de petit format, font montre d'un pinceau plus léger à la manière de Naonobu. Il semble d'ailleurs s'être bientôt lassé de cette sujétion et retourna à Kyōto en 1707.

C'est dans la période 1711-1716 qu'une étude du professeur Yamane place la maturité de Kōrin. Il s'y était préparé par une étude minutieuse des œuvres de Sōtatsu dont il fit de nombreuses copies, traitées cependant selon le tempérament qui lui était propre, tels les Dieux du tonnerre et du vent, dont la composition plus centrale laisse moins d'ampleur expressive aux fonds d'or, et les paravents de Matsushima (musée de Boston), où les vagues trop travaillées s'harmonisent moins heureusement avec les nappes vertes et brunes des îlots que dans l'œuvre du grand maître du début du xviie siècle. C'est à cette période de maturité que l'on peut rattacher les somptueux paravents aux Paons, préparés par d'intéressantes études. Les rochers bruns qui bordent la composition épousent le contour des plumes déployées des oiseaux.

Mais son chef-d'œuvre incontesté reste le paravent aux Pruniers blanc et rose (musée d'Atami), traversé en son centre par une rivière onduleuse rehaussée d'argent, de part et d'autre de laquelle se dressent les troncs moussus de deux pruniers, traités sans cerne et semés de tarashikomi (couleurs superposées avant d'avoir séché et qui se diluent l'une dans l'autre). Arbres et branches suivent le contour sinueux de la rivière centrale.

Le grand décorateur eut quelques disciples, tels Fukae Roshū et Watanabe Shikō (1683-1755), et ses compositions trouvèrent un écho durable dans l'artisanat de Kyōto ; mais un siècle plus tard il était complètement oublié. À la fin du xviiie siècle, il fut remis en honneur par Sakai Hōitsu (1761-1828), qui publia en 1815 un recueil de 100 planches gravées de l'œuvre du maître, intitulé Kōrin Hyakuzu et préfacé par Tani Bunchō (1764-1840), et peignit, au revers des Dieux du tonnerre et du vent, une belle composition sur fond d'argent dans le style du maître. Dès lors, sa renommée ne fit que croître et a longtemps dépassé celle de Sōtatsu, qui n'a été redécouvert que dans les années 1990. C'est pourquoi cette école de grands décorateurs est connue sous le nom de Rimpa.

— Madeleine PAUL-DAVID

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Écrit par

  • : ancien maître de recherche au CNRS, professeure honoraire à l'École du Louvre, chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet

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