OGINO KYŪSAKU (1882-1975)
Kyūsaku Ogino est un médecin gynécologue japonais, spécialiste de la fécondation et inventeur, avec le médecin autrichien Hermann Knaus, d’une méthode de contraception qui porte son nom.
Né à Toyohashi dans la préfecture d'Aichi, il fit ses études à Tōkyō et fut diplômé de la faculté de médecine de l'Université impériale en 1909. Il exerça toute sa vie à l'hôpital Takeyama de la ville de Niigata, où il fut chef de service puis directeur médical de 1912 à 1958. C'est dans le service de gynécologie et d'obstétrique de l'hôpital Takeyama qu'Ogino établit, en 1924, grâce à des constatations opératoires et à des enquêtes sur des grossesses intervenues après un rapport unique, que l'ovulation survient entre le seizième et le douzième jour précédant la date des règles. Ces premiers travaux apportaient une vision nouvelle du problème, car, jusqu'alors, la plupart des cliniciens ne déterminaient le cycle qu'à partir du dernier jour des règles précédentes. Kyūsaku Ogino a eu le mérite de fixer les critères de l'ovulation et de signaler les difficultés et les pièges de cette appréciation. Il montra aussi, par des travaux statistiques, que le pouvoir fécondant des spermatozoïdes s'étend sur environ trois jours, même si leur mobilité persiste plus longtemps.
Le premier travail d'Ogino paru en Occident fut publié en 1930 dans Zentralblatt fur Gynakologie ; il étudiait « la date de conception chez les femmes et son utilisation dans la pratique ». Il y montrait aussi la nécessité, pour qu'il y ait conception, d'une fécondation de l'ovule très peu de temps après sa sortie de l'ovisac. Ces travaux, qui eurent un retentissement très grand dans le monde, furent bientôt confirmés par ceux du gynécologue autrichien Hermann Knaus.
Pour ces deux médecins, la clé de la contraception consistait donc en l’abstinence dans les jours précédant et suivant immédiatement l’ovulation. Or, cette date n’est constante que chez les femmes à cycle parfaitement régulier, ce qui n’est pas le cas le plus fréquent, et la méthode ne peut être efficace que chez des femmes ayant une connaissance parfaite de leur cycle menstruel. Cette nécessité explique les nombreux échecs de la méthode Ogino alors qu’on s'est employé à vulgariser les résultats de ses travaux, à diffuser des « calendriers » plus ou moins ingénieux, à distribuer en Inde, par exemple, des colliers représentant les jours par des perles colorées, tous repères qui, même bien utilisés, accréditaient indûment l'idée qu'on avait affaire à une véritable méthode contraceptive. Knaus lui-même, dans une étude publiée immédiatement après la Seconde Guerre mondiale et intitulée Fécondation périodique et procréation volontaire, continuait d'entretenir cette illusion.
En réalité, le statisticien américain Tietze put montrer que le pourcentage d'échecs de la « méthode Ogino » est de 38 pour 100 femmes/année – l'efficacité d'une méthode contraceptive est évaluée par le taux de Pearl, qui donne le nombre théorique de grossesses accidentelles pour 100 femmes ayant utilisé un même moyen contraceptif de façon optimale pendant douze mois ; en l'absence de contraception, il est environ de 80 et, avec une méthode contraceptive efficace, tombe par exemple à 2. La méthode Ogino a donc une faible fiabilité.
Son usage fut fréquent dans les années 1960, puis a considérablement diminué avec l’introduction de méthodes contraceptives fiables. À noter toutefois qu’un nombre croissant de femmes, se détournant de l’usage de pilules contraceptives et du stérilet, reviennent vers celui de méthodes de contraception dites naturelles. Une conséquence de cette évolution est un retour de la méthode Ogino-Knaus sous la forme d’applications numériques conçues pour[...]
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Écrit par
- Maurice SANDER : docteur en médecine, attaché des hôpitaux de Paris
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Média