ŌHIRA MASAYOSHI (1910-1980)
Porté au pouvoir dans le trouble des luttes intestines du Parti libéral-démocrate (P.L.- D.), dont il était l'un des membres les plus influents, Ōhira Masayoshi dut remplir sa fonction de Premier ministre quand le Japon s'imposait dans le monde comme puissance économique et tandis que la politique donnait l'impression d'errer à la recherche d'une nouvelle orientation. Il mourut en pleine activité, sans être parvenu au bout des tâches qu'il s'était fixées, mais en laissant à son parti et à l'exécutif de son pays les moyens de continuer son œuvre avec plus de sûreté.
Né en 1910 dans le département de Kagawa (partie nord-est de l'île de Shikoku), Ōhira Masayoshi fit ses études à Tōkyō, à l'Université d'études commerciales l'actuelle université de Hitotsubashi). Il entra au ministère des Finances en 1936. Après la guerre, il devint secrétaire d'Ikeda Hayato, ministre des Finances, en 1949. Il fut élu député pour la première fois en 1952 dans son pays natal. Il fut rapidement promu dans l'état-major de son parti, tout en restant proche collaborateur d'Ikeda, quand celui-ci était Premier ministre : secrétaire du cabinet du Premier ministre de 1960 à 1962, ministre des Affaires étrangères de 1962 à 1964, puis directeur du comité des affaires politiques du P.L.-D. Après la mort d'Ikeda, en 1965, il devint l'un des principaux animateurs de la faction qui s'était constituée autour de l'ancien Premier ministre. Lorsque en 1972 fut posée la question de la succession de Satō Eisaku qui avait été au pouvoir pendant presque huit ans, Ōhira, devenu chef de sa propre faction, fit la décision en apportant son appui à Tanaka Kakuei, dirigeant d'une autre faction importante, issue de l'entourage de Satō lui-même. Avec la démission de Tanaka, impliqué dans des affaires de pots-de-vin, prit fin en 1974 la période des gouvernements stables et de longue durée. Miki Takeo présida son cabinet pendant deux ans, puis Fukuda Takeo fut renversé en 1978, au bout de deux ans également.
Pendant ce temps, Ōhira exerça parfois des responsabilités ministérielles : ministre du Commerce extérieur et de l'Industrie de 1968 à 1970, une seconde fois ministre des Affaires étrangères de 1972 à 1974, ministre des Finances dans le cabinet Miki. Il fut nommé secrétaire général du P.L.-D. à la fin de 1978. Avec Ikeda, il avait lancé la politique dite de clémence et de patience. Il se trouva un peu en marge par rapport à la faction dominante, à l'époque du gouvernement de Satō. Mais, en s'alliant avec Tanaka, il créait un nouveau courant dans son parti. Après la mise à l'écart de Tanaka, il ne put empêcher des factions minoritaires mais réformistes de l'emporter, notamment celles de Miki et de Fukuda.
C'est dans les tractations entre factions minoritaires à l'intérieur du parti qu'Ōhira eut son heure. À la préélection du président du P.L.-D. en novembre 1978, alors qu'il était secrétaire général, il recueillit 748 points tandis que Fukuda n'en obtint que 638. Ce dernier renonça à se présenter à l'élection officielle du président et Ōhira fut confirmé à ce poste, lors de l'assemblée générale extraordinaire du parti, le 1er_décembre. À l'ouverture de la session parlementaire, la désignation du secrétaire général n'avait pas encore eu lieu, et, pour cette raison, Fukuda démissionna de son poste de Premier ministre. La Diète élut Ōhira pour lui succéder.
Chef du gouvernement, Ōhira héritait des obligations contractées par ses prédécesseurs et se trouvait aux prises avec les difficultés internes de son parti. Il reprit les négociations commerciales découlant du traité de paix avec la Chine, et assista à la conférence au sommet de Tōkyō, les 28 et 29 juin 1979. Il prit par ailleurs le risque[...]
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Écrit par
- Paul AKAMATSU : directeur de recherche au CNRS
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