OÏRAT
Le XXe siècle
À l'époque moderne et jusqu'à la fin de 1991, les frontières de l' U.R.S.S., de la République populaire de Mongolie (R.P.M.) et de la République populaire de Chine (R.P.C.), en coupant à travers l'ancien territoire des Mongols occidentaux, ont fragmenté entre trois nations les pauvres restes de ce grand peuple conquérant. Leur peuplement le plus compact se trouve en Mongolie, où ils partagent avec les Turcs Qazaq [Khasag] l'ouest du pays.Ils étaient environ 205 000 en 2005, soit de 8 à 9 p. 100 d'une population globale, en majorité mongole elle aussi. Ils se répartissent en six sous-groupes de traditions culturelles et linguistiques bien définies : les Dörbet ([Dörvöd, selon l'appellation autochtone], 45 000 en 1979), les Baït ([Baiad], 31 100), les Zakhčin (19 500), les Torgūt ([Torgūd], 8 600) ; les Ōlöt ([Ööld], 8 800) ; les Mingat ([Miangad], 3 000 en 1965).
En Chine, ils sont au Xinjiang (ou Turkestan chinois) environ 140 000 : Torgūt, Khosūt, Ōlöt, regroupés en quelques zones autonomes mongoles, mais noyés dans la masse des agriculteurs turcs ouigours et des colons chinois toujours plus nombreux. Les migrations spontanées du xviie siècle vers le Köke-nūr (actuel Qinghai) et l'est, et les déplacements imposés de population vers la Mandchourie au xviiie siècle ont laissé leurs traces sous forme de groupements érigés en districts autonomes : les Alašan rendus en 1979 à la Mongolie Intérieure, après avoir été durant vingt ans rattachés au Ningxia et au Gansu, les Torgūt, Khosūt et Čoros du Qinghai, les Dörbet du Heilongjiang.
Dans la fédération de Russie, hormis les Kalmouks du Don et de la Volga, détachés du tronc commun au xviie siècle, on ne trouve guère qu'une colonie minuscule dans la région de l'Issyk-kul en Kirghizie.
Les Oirat se font remarquer, au nombre des peuples mongols, par le conservatisme de leur langue et de leurs coutumes, la richesse de leur littérature orale, le brillant, la gaieté d'un art décoratif et d'un folklore (chants et danses) qui ont beaucoup emprunté aux voisins turcs, les nomades qazaq. Et, pour cela, ils sont des sujets très recherchés par les linguistes et les ethnographes.
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Écrit par
- Françoise AUBIN : directeur de recherche au C.N.R.S. et à la Fondation nationale des sciences politiques (C.E.R.I)
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Média
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