ŌKYO MARUYAMA (1733-1795)
Ōkyo, le novateur, en face de la tradition
Maruyama Ōkyo, qui appartenait à une famille d'agriculteurs de la province de Tamba, arriva assez jeune à Kyōto. Son initiation à la peinture se serait faite, vers dix-sept ans, sous la direction d'Ishida Yutei (1721-1786), maître d'obédience Kanō. Il poursuivit personnellement une large formation classique, comme en témoignent les multiples copies d'anciens qu'on trouve dans ses carnets. Ces premières études marquent définitivement et sa technique et sa composition.
Tôt appelé à gagner sa vie, Ōkyo fit des megane-e ou vues stéréoscopiques, nouveautés importées de Chine et d'Europe et qui avaient alors la vogue. Inspirées des gravures hollandaises quant à leur graphisme, leur perspective linéaire, leurs jeux d'ombre et de lumière, elles représentaient des sites chinois ou européens. Ōkyo en agrandit le répertoire, pour le compte d'un marchand de curiosités de Kyōto, en représentant des endroits célèbres du Kansai. Cette expérience de jeunesse eut sur son œuvre une importance à la fois négligeable et capitale : bien qu'il rejetât, par la suite, une technique foncièrement étrangère à l'Extrême-Orient, il en retint l'approche intellectuelle, une transcription du monde sensible, respectueuse de la perception oculaire, et non plus son interprétation dans le cadre des conventions.
L'art d'Ōkyo recèle, en outre, une forte influence de l' école de Nagasaki, sans qu'on ait des preuves certaines de relations directes : même prédilection pour le monde végétal et animal, même minutie et même exactitude quasi scientifique dans le rendu.
Mais si la longue carrière d'Ōkyo ne fut qu'effort persévérant pour cerner toujours de plus près la réalité objective, pour retenir des choses leur aspect formel plutôt que leur esprit, il ne put se départir du sens décoratif et du sens lyrique, si profondément ancrés dans la sensibilité japonaise. Ces tendances peut-être inconscientes, en contradiction avec ses théories, atténuèrent, en bien des cas, la sécheresse de l'œuvre ou en masquèrent la ténuité.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Chantal KOZYREFF : conservatrice des collections Japon, Chine et Corée aux Musées royaux d'art et d'histoire, Bruxelles, gestionnaire des musées d'Extrême-Orient
Classification
Autres références
-
BUNCHŌ TANI (1764-1840)
- Écrit par Chantal KOZYREFF
- 859 mots
...les écoles et tous les grands maîtres passés et contemporains et pratiqua-t-il tous les genres : de l'école classique ( yamato-e) à Hanabusa Itchō et Maruyama Ōkyo, au Japon ; des maîtres de l'époque Song à ceux de l'époque Qing, en Chine ; de l'art du paysage à celui du portrait... -
GOSHUN (1752-1811)
- Écrit par Chantal KOZYREFF
- 738 mots
...n'est qu'en 1787-1788 que Goshun se rallia à l'école « réaliste ». Comme beaucoup de ses contemporains, il subit l'ascendant de la forte personnalité de Maruyama Ōkyo (1733-1795), dont le renom était alors sans égal. Ōkyo avait consacré sa vie à la recherche d'une nouvelle manière de peindre la nature... -
JAPON (Arts et culture) - Les arts
- Écrit par François BERTHIER , François CHASLIN , Encyclopædia Universalis , Nicolas FIÉVÉ , Anne GOSSOT , Chantal KOZYREFF , Hervé LE GOFF , Françoise LEVAILLANT , Daisy LION-GOLDSCHMIDT , Shiori NAKAMA et Madeleine PAUL-DAVID
- 56 170 mots
- 35 médias
Le courant réaliste. Formé dans un atelier Kanō, Maruyama Ōkyo (1733-1795) eut l'occasion de voir des plaques de lanterne magique apportées de l'Occident et appliqua ces procédés nouveaux aux paysages japonais. Il connut ainsi la peinture académique des Qing, réaliste et minutieuse, au Mampuku-ji,...