OLIGOÉLÉMENTS
Maladies de carence
Dans la nutrition des plantes, les oligoéléments indispensables peuvent, au même titre que les autres éléments indispensables, se comporter en facteurs limitants.
L'absence ou l'insuffisance d'un oligoélément se traduit par un défaut de croissance ou de développement qui peut s'accompagner de symptômes spécifiques de carence lorsque celle-ci est provoquée à l'état pur sur un milieu synthétique (cf. illustration). Des symptômes semblables, mais souvent plus complexes en raison d'interactions avec d'autres éléments, ou de l'association de plusieurs carences, se manifestent dans les conditions naturelles. L'identification de la carence peut s'établir par référence aux symptômes observés dans les conditions de milieu artificiel. Enfin, l'insuffisance de certains oligoéléments augmente la susceptibilité des plantes aux affections parasitaires (grey speck de l'avoine, pourriture du cœur de la betterave).
La chlorose qui résulte d'une carence en fer peut être guérie par application de sels de fer au feuillage. Le fait est connu depuis près de 140 ans. Cette chlorose intervient fréquemment chez les arbres fruitiers. Divers arbres fruitiers souffrent également de carence en zinc (mottle leaf des Citrus ; little leaf de diverses espèces fruitières), en cuivre (die-back, exanthème des pruniers, des poiriers, des oliviers), en manganèse (frenching des Aleurites, carences des cerisiers...). L'avoine est très sensible à la carence en manganèse (grey speck). La carence en bore intervient souvent, notamment chez la betterave où elle est responsable de la maladie dite « pourriture du cœur », également chez la luzerne, etc. La carence en zinc du maïs s'observe sur certains sols du sud-ouest de la France. La maladie de « réclamation » (carence en cuivre) affecte l'avoine, diverses céréales, la betterave...
Le fer, le manganèse, le zinc, le cuivre, le molybdène et le bore sont, comme d'autres oligoéléments, des constituants habituels des sols ; mais les plantes, en certains cas, sont incapables d'en obtenir suffisamment pour satisfaire leurs besoins. Les carences absolues sont rares mais peuvent survenir sur des sols sableux très pauvres. Très souvent une carence apparaîtra alors que le sol est relativement riche en l'élément considéré, mais à l'état de combinaisons difficilement utilisables. Le pH du sol est un facteur important de l'assimilabilité. Les matières organiques du sol ont aussi une grande importance ; elles sont relativement riches en oligoéléments assimilables et retiennent en surface des éléments qui, sans elles, seraient rapidement éliminés par les eaux.
Enfin, des carences peuvent résulter soit de la présence de certaines matières organiques du sol immobilisant un oligoélément (cas du cuivre), soit d'apports excessifs d'amendements calcaires ou d'engrais phosphatés. Ce sont des carences conditionnées.
Des carences en oligoéléments peuvent aussi avoir pour cause la présence d'un excès d'un ou de plusieurs autres éléments (interactions), par exemple la carence en fer induite par un excès de manganèse (ananas).
L'apparente simplicité des faits ainsi résumés ne doit pas dissimuler la très grande complexité des problèmes physiologiques posés par les phénomènes de carence et de toxicité.
Suivant la richesse ou la pauvreté des sols en oligoéléments assimilables, les végétaux peuvent en contenir des quantités qui varient dans de très larges limites. Les animaux qui s'en nourrissent, et l'homme, en reçoivent donc des quantités variées et, dans certains cas, insuffisantes. Des liaisons carencielles s'établissent ainsi entre le sol, les plantes, les animaux et l'homme. Un grand nombre d'affections résultant de carences en oligoéléments sont bien connues chez les animaux[...]
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Écrit par
- Jean LAVOLLAY : professeur honoraire au Conservatoire national des arts et métiers, correspondant de l'Académie des sciences.
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