CROMWELL OLIVER (1599-1658)
De la coulisse à l'avant-scène, 1640-1649
Soutien ardent des premières mesures imposées par le Parlement à Charles Ier, Cromwell s'est particulièrement enflammé pour la Grande Remontrance, où les plaintes contre le passé aboutissaient à la revendication d'un véritable contrôle du pouvoir exécutif par le législatif (22 novembre 1642). Mais ce texte, inacceptable pour le roi et qui mit le feu aux poudres, ne lui fut pas imputé directement : les cinq députés que le souverain essaya vainement de se faire livrer par les Communes en janvier ne comprenaient pas Oliver, mais son cousin John Hampden. Pourtant, une activité débordante au sein de commissions, sa défense impétueuse de paysans menacés par les enclosures, une fonction d'intermédiaire attitré entre députés et lords, Parlement et Cité, son ardeur à promouvoir une campagne militaire en Irlande à laquelle il souscrit avec son propre argent le font remarquer et sortir peu à peu du rang des obscurs. Étrangement pour ce gentleman politicien, c'est son rôle militaire qui a décisivement contribué à son ascension. Il devient, en 1643, le colonel d'un régiment, les Côtes de Fer, qu'il a lui-même constitué par l'appel à des engagés volontaires, qu'il contribue à entretenir de ses deniers, qu'il dote d'un bon équipement en chevaux et en armes, qu'il soumet à des officiers recrutés au mérite, sans égard pour le rang social et sans considération pour l'appartenance à telle ou telle secte religieuse ; le 2 juillet 1644, il prend une part décisive à la victoire de Marston Moor, après avoir été promu lieutenant général en janvier. Jusqu'au-boutiste, il s'indigne des prudences des chefs aristocratiques de l'armée parlementaire et pousse à la constitution d'une armée d'un « nouveau modèle » : inspirée de l'exemple hollandais par l'appel à des volontaires d'origine sociale bourgeoise, urbaine ou rurale, du suédois par l'exaltation des principes religieux, l'insistance sur un enthousiasme entretenu par des chapelains, véritables commissaires politiques avant la lettre, mais aussi sur la puissance de l'artillerie et sur la création d'un corps de cavalerie autonome, dont les charges répétées et disciplinées devaient ébranler les meilleures infanteries adverses. Surtout, il fait adopter certains principes de commandement et d'organisation : le mérite comme fondement de l'autorité et de la promotion à des grades supérieurs, une stricte discipline rendue possible par une intendance et un service financier efficaces, la séparation du politique et du militaire à la suite du vote de la loi de « renonciation pour soi-même » (les parlementaires renonçaient volontairement à toute charge militaire), définitivement adoptée par le Parlement en avril 1645 et qui permet d'écarter les comtes de Manchester et d'Essex au profit d'un nouveau commandant en chef, sir Thomas Fairfax. Celui-ci, arguant de la nécessité de disposer d'un adjoint de qualité au commandement de la cavalerie, obtient au bénéfice de Cromwell des exemptions successives qui permettent, entre autres, à ce dernier de participer décisivement à la grande victoire de Naseby du 14 juin 1645.
Le roi prisonnier des Écossais en mai 1647, Cromwell, pendant plus d'un an, quitte les rangs de l'armée sans apparaître spécialement actif dans un Parlement dominé par les modérés du parti « presbytérien », favorables à un arrangement avec Charles Ier. C'est pendant cette année que l'armée se transforme en une force politique, se dotant spontanément de véritables « soviets » de soldats et d'officiers, se donnant des porte-parole ou agitators et, après avoir surtout revendiqué des satisfactions matérielles, se muant en un « parti » : en son sein, l'élément le[...]
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Écrit par
- Roland MARX : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
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