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MOSSET OLIVIER (1944- )

Né à Berne (Suisse) à la fin de la guerre, l’artiste Olivier Mosset incarne sans doute les contradictions des avant-gardes artistiques, telles qu'elles se sont manifestées en Europe et aux États-Unis depuis les années 1960. Ayant vécu et travaillé à Paris de 1965 à 1977, il s'est installé ensuite aux États-Unis, où il joue, non sans un certain détachement, un rôle de pivot entre les deux continents.

Olivier Mosset s'était radicalisé dès 1965 en peignant de petits tableaux verticaux qui ne représentaient que la lettre A, en noir sur fond blanc. En 1966, il remplaça celle-ci par un gros point noir, d'une impersonnalité mécanique aussi parfaite. En 1967, il s'intègre au groupe formé par Daniel Buren, B.M.P.T. (Buren-Mosset-Parmentier-Toroni), dont le but est de démontrer, en art, le caractère dérisoire du culte de la personnalité. Chacun d'eux se borne à peindre un seul signe : le cercle noir sur fond blanc pour Mosset, les rayures verticales pour Buren, etc. Mais il leur arrive de jouer à cache-cache et de présenter, chacun sous son nom, des toiles reproduisant exactement celles que peignent habituellement les autres. Selon Mosset, le principe commun consistait à admettre que la figure conçue par chacun appartenait de droit à tous. La peinture, telle qu'il l'entend, existe indépendamment de ses auteurs, comme un en-soi visuel, indépendant du contexte. Ainsi se détache-t-il des philosophies sous-jacentes (progressistes, ou théosophiques) à tous les extrémistes classiques de l'abstraction : Malevitch, Rodtchenko, Kandinsky, Mondrian. Ses cercles noirs sont toujours de 4,5 cm de diamètre interne et de 7,8 cm de diamètre externe, sur des toiles toujours de mêmes dimensions : 100 × 100 cm.

En 1968, Serge Bard lui consacre un texte, pour un catalogue sans exposition. Mais Olivier Mosset sera le premier peintre du groupe à être sollicité par une galerie (Jean Larcade) pour une exposition personnelle. Malgré sa position politique (d'extrême gauche), et peut-être à cause d'elle, il ne se dérobe pas devant les obligations du peintre, à l'intérieur du système marchand. Il les assume. Il n'en abandonne pas pour autant ses idées sur la neutralité de la peinture, sur son caractère souverain, gratuit, absolument non philosophique, non littéraire. Il va présenter, à partir de 1974, des tableaux qui reprennent le motif des rayures verticales de Buren, mais en choisissant, pour les peindre, des couleurs pâles : le beige, le vert pastel, etc. Bien qu'il peigne les mêmes bandes, mais obliques, dès 1975, cette reprise évidente du motif — standard, il est vrai — d'un autre artiste a reposé le problème de l'adéquation du peintre à son image. En fait, Mosset n'utilise pas, comme Buren, des toiles ou du papier déjà imprimés. Il peint lui-même, à partir du blanc, toutes ces toiles. Il ne croit pas, de ce fait, que la peinture « appartienne » mentalement au peintre. Il se dissimule derrière elle, comme un artisan anonyme.

En s'installant à New York en 1977, Olivier Mosset va se joindre aux courants de la nouvelle abstraction, puis du nouveau géométrisme abstrait. Mais la même année, il accomplit son œuvre la plus révélatrice, qu'il présente à la Xe biennale de Paris : une toile de 3 mètres de hauteur sur 6,10 m de longueur, complètement recouverte de rouge, sur de fines lignes parallèles verticales tracées au crayon. Elle coïncide exactement avec les dimensions du mur prévu pour son tableau, de telle manière que personne ne la « distingue » en tant qu'« œuvre d'art » : les visiteurs s'imaginent en effet (s'ils y pensent) qu'il s'agit simplement d'un mur peint en rouge. Fidèle en cela à ses idées de 1967-1968, proches du situationnisme, Mosset refuse de présenter son œuvre comme un « spectacle ». Mais cette toile va l'entraîner à peindre plusieurs séries de tableaux[...]

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