OLMÈQUES
L'héritage olmèque
Dès le ve siècle avant J.-C., alors que la civilisation des Olmèques brillait de ses derniers feux, leurs voisins Mayas disposaient déjà dans le Petén de centres politico-cérémoniels de taille colossale, comme Nakbé ou El Mirador. Quelques siècles plus tard, ils construisaient des pyramides au Yucatán (Chakanbakan, Calakmul) en utilisant des images olmèques, en particulier celle du bébé-jaguar. Les derniers Olmèques de la côte du golfe ont comme voisins les premiers Mayas et leur ont transmis une part importante de leur héritage culturel. Il n'y a donc pas lieu de s'étonner de découvrir des analogies et parfois même des similitudes entre les uns et les autres. Quelques exemples suffiront à illustrer cet héritage : la créature personnifiant la foudre, brandie comme un sceptre par le roi maya, est l'équivalent du bébé-jaguar que le chef olmèque porte dans ses bras. Succédant au chef olmèque qui émerge de la gueule du monstre terrestre comme l'astre à son lever sur les autels de La Venta, le roi maya, quinze siècles plus tard, sort des mâchoires d'un même monstre sur le zoomorphe P de Quiriguá et dans d'autres monuments. Les masques olmèques et mayas, qui représentent la terre, ont de nombreux traits communs. Dans plusieurs stèles mayas d'époque Classique (300-900 apr. J.-C.), on retrouve la composition de la stèle 2 de La Venta où le dirigeant apparaît entouré d'ancêtres volant dans le ciel au-dessus de lui. Le trident avec lequel un homme menace son prisonnier sur une peinture de la grotte de Juxtlahuaca se retrouve entre les mains de dirigeants mayas à Tikal et dans d'autres sites. Comme chez les Olmèques, l'aiguillon de raie était l'instrument favori pour le rite de l'autosacrifice. Par ailleurs, on ne sait pas bien encore quel a été le rôle joué par la côte du golfe dans l'élaboration du calendrier mésoaméricain et de l'écriture hiéroglyphique.
La transmission de l'héritage a eu lieu en partie du Tabasco vers le Petén et le Yucatán, en partie depuis la côte Pacifique et les hautes terres du Chiapas, du Guatemala et du Salvador. Takalik Abaj, Kaminaljuyú et Chalchuapa sont des sites où l'on peut observer des vestiges olmèques suivis de sculptures de style maya archaïque. Le premier d'entre eux, en particulier, possède des stèles et des autels avec des images de ce style, mais aussi des glyphes et des dates de série initiale, ici entre 235 avant J.-C. et 126 après J.-C., servant de référence aux autres dates utilisées sur ces supports.
Les Mayas ont donc poursuivi et fait fructifier l'héritage des Olmèques, que l'on peut définir comme le développement d'un art monumental mis en grande partie au service de la politique, une cosmologie dans laquelle la terre joue le rôle principal, un monde surnaturel peuplé d'une foule de génies et d'esprits, et non de dieux, la pratique du sacrifice humain par décapitation, et l'autosacrifice sanglant et le jeu de balle. Il s'agit ici d'une tradition des basses terres de la Mésoamérique méridionale qui ne sera plus suivie dès le Préclassique récent (300 av. J.-C.) dans les hautes terres de l'ouest. Une autre tradition s'y développera, définie par un style plus schématique et plus conventionnel, dans lequel l'anatomie des personnages disparaît entièrement sous le costume et les symboles. Si l'art zapotèque consacre encore une part importante de ses productions à la gloire de ses rois, Teotihuacán l'ignore ; à côté de représentations religieuses, les seules images à contenu politique concernent les ordres militaires, dont les membres sont identifiés par le masque animal qui couvre leur visage.
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Écrit par
- Claude-François BAUDEZ : directeur de recherche au CNRS
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