BECHIR OMAR HASSAN EL- (1944- )
Homme politique soudanais, Omar el-Béchir s’impose par la force à la tête du Soudan en 1989, avant d’être président de la République de 1993 à 2019.
Né le 7 janvier 1944 dans le village de Hosh Bonnaga, Omar Hassan el-Béchir est issu d'une famille paysanne modeste qui s'installe par la suite à Khartoum. Il poursuit des études secondaires avant de partir dans une école militaire au Caire et de combattre en 1973 au sein de l'armée égyptienne lors de la guerre du Kippour contre Israël. De retour au Soudan, il obtient rapidement une promotion et, au milieu des années 1980, prend la tête de la campagne militaire lancée dans le sud du pays contre les rebelles de l'Armée populaire de libération du Soudan (APLS) de John Garang.
Déçu par les dirigeants soudanais, Omar el-Béchir organise un coup d'État en 1989 et devient président du Conseil de commandement de la révolution de salut national, la junte militaire qui prend le pouvoir. Il dissout le Parlement, interdit les partis politiques et contrôle étroitement la presse. Il bénéficie du soutien de Hassan al-Tourabi, ancien leader des Frères musulmans et dirigeant de l'organisation du Front national islamique. Ensemble, ils imposent à nouveau, en mars 1991, la charia dans tout le pays, aggravant ainsi les dissensions entre le nord musulman et le sud peuplé en majorité d'animistes et de chrétiens.
En octobre 1993, le Conseil de commandement de la révolution s'auto-dissout et Omar el-Béchir est nommé président du Soudan. Il est confirmé dans ses fonctions à la suite de l'élection de 1996 où il obtient plus de 75 % des suffrages. Son allié Hassan al-Tourabi est quant à lui élu à l'unanimité président du nouveau Parlement. Le 30 juin 1998, Omar el-Béchir promulgue une nouvelle Constitution qui autorise le multipartisme. Toutefois, en décembre de la même année, il recourt à la force pour chasser Hassan al-Tourabi, qu'il soupçonne de complot avec les rebelles sudistes. Le 12 mars 2000, le président el-Béchir déclare l'état d'urgence pour trois mois, une mesure qu'il prolongera indéfiniment. Après les élections de décembre 2000, qui le confirment à son poste, il renvoie son cabinet.
Durant cette période, la guerre contre l'APLS se poursuit, provoquant le déplacement forcé de millions de Sud-Soudanais. Omar El-Béchir tente à plusieurs reprises de conclure un accord de cessez-le-feu avec des factions rebelles marginales mais, lorsque la production pétrolière se développe dans la région qui sépare le Nord et le Sud en 1998, le conflit redouble de violence. Sous la pression internationale, le président el-Béchir accepte en 2005 de signer un accord de paix avec l'APLS, mais le retard pris dans l'application du texte amène les membres du gouvernement originaires du Sud à donner leur démission le 11 octobre 2007.
Pendant ce temps, en août 2003, des groupes de la région du Darfour, dans l'ouest du pays, se soulèvent contre le gouvernement el-Béchir, pour réclamer une meilleure répartition des richesses nationales. Le président organise la lutte contre cette insurrection en s'appuyant sur des milices arabes janjawid, dont les méthodes brutales terrorisent la population et empêchent les organisations humanitaires internationales d'apporter nourriture et médicaments. Plus de deux millions de personnes déplacées se retrouvent sur les routes. Alors que le conflit du Darfour fait rage, le président el-Béchir accepte, sous la pression de la communauté internationale, la présence d'une petite équipe de maintien de la paix missionnée par l'Union africaine (UA) mais rejette la proposition de l'ONU d'envoyer une force internationale plus importante. Les troupes de l'UA seront finalement remplacées par une force de paix déployée conjointement par l'ONU et l'UA en 2008.
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