OMEYYADES ou UMAYYADES
Conquêtes et luttes de partis
Au moment où Mu‘āwiya prend le pouvoir, les Arabes avaient déjà soumis tous les pays sémitiques du Proche-Orient, ainsi que l'Égypte et la majeure partie de l'Iran propre. L'accroissement des distances, les limites des effectifs, l'essoufflement des vainqueurs vieillis expliquent suffisamment, même sans faire intervenir les conflits intérieurs, le ralentissement des conquêtes. Les Omeyyades, en dehors des moments de crises intérieures, ont néanmoins cherché à les compléter. Le but essentiel était naturellement, pour des gens établis sur un sol si longtemps « romain », la prise de Constantinople. Malgré les attaques combinées par terre et par mer en 674-678 et 717-718, ces efforts échouèrent, ou du moins ne permirent qu'un certain report de frontière sur une ligne allant du Taurus occidental à l'Arménie et de périodiques incursions, plus ou moins fructueuses, au-delà de cette ligne. Les progrès décisifs furent réalisés dans d'autres directions, aux deux ailes extrêmes : d'une part en Asie centrale au détriment des petits États sogdiens, turcs, hephtalites, d'autre part au Maghreb (jusqu'à l'Atlantique) puis, à partir de là, en Espagne et un instant en France (bataille de Poitiers, 732). À ces distances, la part directe prise par les souverains aux expéditions est nulle, mais ils s'occupent de la préparation de certaines campagnes, de l'envoi de renforts éventuels et de l'administration des gouverneurs des nouveaux pays conquis.
De portée beaucoup plus directe sur l'histoire du régime omeyyade sont les conflits intérieurs. Les partisans de ‘Alī, qu'on commençait à appeler les shī‘ites, reportaient sur sa descendance le respect dont ils l'avaient entouré lui-même. Mu‘āwiya avait acheté le désintéressement du fils aîné de ‘Alī, Ḥasan, mais, celui-ci mort, les notables de la ville shī‘ite de Kūfa, en Mésopotamie, appelèrent le second fils de ‘Alī, Ḥusayn, qui se fit écraser et tuer à Karbalā' par une armée omeyyade (680). Plus graves furent les troubles qui marquèrent la succession de Yazīd et l'avènement des Marwānides. Un notable qurayshite, ‘Abd Allāh b. al-Zubayr, souleva en Arabie les deux villes saintes de l'islam et étendit son pouvoir jusqu'à Baṣra, la rivale de Kūfa en Irak. Pendant ce temps, à Kūfa, éclatait la terrible révolte organisée par Mukhtar au nom d'un fils survivant de ‘Alī, Muḥammad b. al-Ḥanafiyya. Enfin divers groupes khāridjites suscitaient des désordres en Arabie méridionale, en Iran central, en haute Mésopotamie. Heureusement pour les Omeyyades, aucune entente n'existait entre ces divers ennemis. Les Khāridjites renonçaient à s'étendre là où ils n'étaient pas majoritaires, c'est-à-dire hors des déserts. Le frère de ‘Abd Allāh qui gouvernait Baṣra écrasa Mukhtar. Le nouveau calife, ‘Abd al-Malik, put alors triompher des révoltés d'Arabie et de Baṣra. Parallèlement au rétablissement de l'unité de l'empire, il émit toute une série de mesures de réorganisation intérieure.
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Écrit par
- Claude CAHEN : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
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