Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

OMEYYADES ou UMAYYADES

La chute des Omeyyades

Quels qu'aient été les mérites des Omeyyades, il est clair que l'évolution des conditions sociales, matérielles et spirituelles exigeait une transformation du régime. Les mécontents, plutôt qu'un programme, avaient le plus souvent en commun, encore que vaguement, l'idée que les problèmes seraient résolus si la direction de la communauté revenait à un détenteur légitime, appartenant à la famille du Prophète. Celui-ci n'avait pas eu de fils, mais il avait deux oncles, de parenté égale avec lui, et le fils de l'un d'eux, ‘Alī, avait épousé sa fille Fāṭima. ‘Alī puis ses fils, on l'a vu, avaient cependant été évincés. Après une période de calme ou de travail secret, de nouveaux prétendants se déclarèrent : Zayd, arrière-petit-fils de ‘Alī, qui se révolta à Kūfa en 740 et fut mis à mort, ‘Abd Allāh b. Mu‘āwiya, descendant d'un frère de ‘Alī, qui se maintint en Iran méridional de 743 à 749. Les discordes qui éclatèrent au sein de la famille omeyyade après la mort de Hishām hâtèrent la chute. Parmi les tribus arabes, il existait deux partis qu'opposait une haine héréditaire : les Omeyyades ne surent plus maintenir entre eux l'équilibre. En 749 une révolte, préparée de longue date dans le Khurāsān (Iran du Nord-Est) au bénéfice d'un membre de la famille de Muḥammad dont on ne précisait pas l'identité, aboutissait, sous la conduite d'Abū Muslim, client d'un descendant du second oncle du Prophète, ‘Abbās, à l'écrasement des Omeyyades, pourchassés et massacrés, et à l'avènement de la dynastie ‘abbāside nouvelle.

Bien que personne ne se fût levé pour sauver les Omeyyades, leur souvenir subsista. Pendant un siècle, des rebelles se réclamèrent d'eux, en Syrie et en Égypte. La secte kurde des Yazīdīs évoquait le souvenir de Yazīd, le fils de Mu‘āwiya. L'idée qu'un Sufyānide reviendrait un jour ou l'autre se maintint dans certains milieux. Plus largement, la plupart des musulmans, même soumis aux ‘Abbāsides, se refusaient à admettre qu'on maudît les Omeyyades, qu'on désavouât donc implicitement leur œuvre, et le droit ultérieur devait reconnaître une légitimité égale aux deux dynasties.

Un hasard historique amena en Occident une renaissance omeyyade : un survivant de la dynastie déchue parvint en 756 à s'emparer de l'Espagne. Ses descendants devaient s'y maintenir deux siècles et demi, et atteindre puissance et gloire. Ils n'aspiraient nullement à reconquérir leur héritage oriental, mais, lorsqu'au xe siècle les Fāṭimides eurent rompu avec la fiction de l'unité califale, les Omeyyades de Cordoue à leur tour relevèrent le titre. La dynastie et le titre disparurent tous deux dans la première moitié du xie siècle.

— Claude CAHEN

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris

Classification

Médias

600 à 700. Islam - crédits : Encyclopædia Universalis France

600 à 700. Islam

Omeyyades - crédits : Encyclopædia Universalis France

Omeyyades

Autres références

  • CALIFAT OMEYYADE DE DAMAS

    • Écrit par
    • 227 mots
    • 1 média

    Dans le contexte troublé de la succession de Mahomet, Mu‘awiya, un membre éminent des Banū Omeyya, le clan qurayshite qui dominait la Mecque au début du viie siècle, s'impose aux dépens des Alides qui revendiquent pour ‘Alī, gendre et cousin du Prophète, l'héritage politique et religieux de celui-ci....

  • DYNASTIE DES OMEYYADES - (repères chronologiques)

    • Écrit par
    • 352 mots

    657 Bataille et arbitrage de Siffīn : ‘Alī est discrédité au profit du gouverneur de Damas, Mu‘awiya

    660 Mu‘awiya est proclamé calife par ses troupes.

    661 ‘Alī est assassiné par un khāridjite, c'est-à-dire un ancien Alide pour qui ‘Alī s'est délégitimé en acceptant l'arbitrage de Siffīn....

  • ‘ABD AL-ḤAMĪD IBN YAḤYĀ (VIIIe s.)

    • Écrit par
    • 968 mots
    La dynastie omeyyade qui, en 661 de notre ère (41 de l'hégire), prend la direction de la communauté islamique et choisit Damas pour capitale, se signale par l'implantation d'une administration centrale cohérente et hiérarchisée, notamment à partir du début de notre viiie siècle,...
  • ABŪ MUSLIM (mort en 755)

    • Écrit par
    • 303 mots

    Chef du mouvement révolutionnaire ‘abbāside qui éclata dans le Khurāsān en 747, Abū Muslim joue un rôle important dans la chute de la dynastie umayyade. Abū Muslim serait un esclave d'origine persane. Il entre au service des Banū ‘Idjl à Kūfa, où il aura son premier contact avec le shī‘isme. Emprisonné...

  • ABŪ HANĪFA (700 env.-767)

    • Écrit par
    • 728 mots

    Juriste et théologien musulman, Abū Hanīfa an-Nu'mān ibn Thābit est le fondateur de la doctrine hanafite du droit musulman, système d'interprétation reconnu comme l'une des quatre principales écoles du droit canonique de l'islam. Le droit hanafite jouit d'un grand prestige, et la plupart...

  • AFRIQUE (Histoire) - De l'entrée dans l'histoire à la période contemporaine

    • Écrit par , et
    • 9 654 mots
    • 6 médias
    ...mer Rouge et de l'océan Indien. La présence des Fatimides est très importante dans l'histoire de l'Afrique. Contre elle, les califes omeyyades d'Espagne tentent, après 980, d'unifier l'ouest du Maghreb et de contrôler à leur tour les routes de commerce vers l'Afrique de l'Ouest. Les...
  • Afficher les 39 références