- 1. Aspects normaux et pathologiques de la prolifération cellulaire dans un organisme vivant.
- 2. La découverte des proto-oncogènes. Leur conversion en gènes oncogènes viraux
- 3. Activation de proto-oncogènes en oncogènes dans les tumeurs
- 4. Les fonctions des proto-oncogènes
- 5. Les anti-oncogènes ou gènes suppresseurs de tumeurs
- 6. Anti-oncogènes et virus oncogènes à ADN
- 7. Proto-oncogènes, gènes suppresseurs de tumeur et progression tumorale
- 8. Applications de la découverte des gènes du cancer à la cancérologie
- 9. Bibliographie
ONCOGENÈSE ou CANCÉROGENÈSE ou CARCINOGENÈSE
L'étude des mécanismes de l'oncogenèse (du mot grec oncos, qui veut dire « tumeur »), c'est-à-dire de la conversion d'une cellule normale en cellule tumorale, a fait des progrès considérables depuis le début des années 1970. Même s'il reste impossible d'identifier tous les événements dont la cellule est le siège et qui ont un rôle causal dans l'apparition des tumeurs, l'utilisation des méthodes de la biologie et de la génétique moléculaires, appliquées en particulier à l'analyse de l'interaction entre les virus cancérogènes et leurs cellules hôtes, a permis de démontrer l'existence chez ces virus de gènes dits « oncogènes » dont l'activité détermine l'apparition de tumeurs chez des animaux d'expérience. Ce résultat, acquis dans la première moitié des années 1970, a conduit en 1976 à la découverte de gènes cellulaires proto-oncogènes qui peuvent être convertis en gènes oncogènes soit par leur capture par des virus de la famille des rétrovirus, soit par des mutations survenues sans intervention virale dans le génome cellulaire. Ces découvertes ont profondément modifié notre compréhension des phénomènes tumoraux et ont permis pour la première fois de proposer une hypothèse générale de l'oncogenèse.
Aspects normaux et pathologiques de la prolifération cellulaire dans un organisme vivant.
L'embryogenèse et le développement nécessitent une régulation précise de la multiplication des cellules, en même temps que l'acquisition transitoire par certaines d'entre elles de capacités migratoires qui sont nécessaires à la construction des ébauches d'organes. Dans l'organisme adulte, certaines cellules (par exemple les neurones du système nerveux central) ont perdu la capacité de proliférer, alors que d'autres conservent pendant toute la vie adulte l'aptitude à se multiplier pour assurer un renouvellement régulier de cellules différenciées à durée de vie limitée. C'est ainsi que, chez l'homme, la moelle osseuse renferme des cellules souches qui sont à l'origine de toutes les cellules sanguines. De même, la couche basale de l'épiderme renferme des cellules dont les divisions permettent le renouvellement régulier de cette barrière qui nous protège du milieu extérieur, la peau. Les proliférations cellulaires, qui sont nécessaires à la formation planifiée de l'embryon, à l'entretien de tissus renouvelables et à la réparation des traumatismes, sont exactement régulées par des informations multiples que les cellules proliférantes reçoivent soit de leur environnement proche (facteurs de croissance et cytokines, contacts avec d'autres cellules ou avec la matrice extracellulaire et le stroma), soit des glandes endocrines (hormones) dont l'organisme est pourvu.
Une tumeur peut se former dès lors qu'une cellule cesse de respecter les instructions qu'elle reçoit de ses voisines et de l'organisme entier, et poursuit des cycles de division non régulés par les besoins normaux de renouvellement ou de réparation. Une telle prolifération dérégulée peut être le fait de cellules qui conservent néanmoins la capacité de constituer une structure tissulaire proche de la normale et qui respectent les frontières du tissu ou de l'organe. Il s'agit alors d'une tumeur bénigne. L'apparition d'un véritable cancer – ou tumeur maligne – correspond à une déviance plus accentuée de la cellule proliférante, caractérisée par l'invasion des tissus voisins et, éventuellement, par l'apparition chez les cellules tumorales d'une capacité de migration à travers les circulations lymphatique ou sanguine, qui va conduire à la formation de métastases dans des sites plus ou moins distants de celui de la tumeur primitive. Les cellules tumorales invasives, qui peuvent migrer à partir de la tumeur initiale, ont un comportement qui n'est pas[...]
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Écrit par
- Roger MONIER : directeur de recherche au C.N.R.S., directeur du laboratoire d'oncologie moléculaire, Institut Gustave-Roussy
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